Une guerre froide s’installe entre l’État et le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). Ce dernier revendique l’annulation de l’Advance Cargo Declaration.
Suspension du dialogue public-privé. Le GEM a décidé de suspendre, sine die, sa participation au dialogue public-privé. Ce dernier réclame l’annulation de « l’Advance Cargo Declaration for ISPS Code », instauré le 4 juin 2015 par un arrêté ministériel du ministère du Transport et du ministère du Budget et des finances.
Le GEM dénonce le manque de transparence dans l’instauration de l’Advance Cargo Declaration (ACD). « Les textes ne sont pas clairs, et parlent d’un paiement à l’international alors qu’ils disent que ces paiements doivent être effectués auprès de l’Agence portuaire maritime et fluvial », déclare la présidente du GEM, Noro Andriamamonjiarison, hier, lors d’une conférence de presse à Ankorondrano.
Le GEM dénonce également que, lors de dialogues avec le conseil d’administration de l’APMF, les administrateurs avaient déclaré ne pas avoir eu le contrat liant l’ Associated transport and port management system (ATPMS ) et l’APMF sous les yeux. Et d’évoquer la présence d’anomalies sur le plan judiciaire.
Les opérateurs maritimes ne manquent pas de remettre en cause les impacts que l’ACD aura sur les importations. « Si vous ne vous enregistrez pas, vos conteneurs risquent de ne pas partir du port, ou de ne pas arriver. Donc, vous êtes obligés de vous enregistrer », a fait remarquer la présidente du groupement.
D’après les membres du GEM, le fret maritime n’inclut pas les redevances ACD, bien que l’APMF ait affirmé que la redevance ACD soit déjà incluse dans le fret maritime et « n’induira donc pas un surcoût à supporter par les exportateurs et les importateurs ».
Une lettre avait d’ailleurs déjà été envoyée au Premier ministre par les opérateurs maritimes en décembre dernier, sur le sujet.
Accumulation de frustrations
Plusieurs dialogues avaient été entrepris entre les autorités au pouvoir et les opérateurs du groupement afin que l’instauration de l’ACD soit révisée. Des dialogues, tant criés sur les toits mais sans aucun résultat, comme l’affirme le président du Syndicat des industriels de Madagascar (SIM), Fredy Rajaonera.
« Cette disposition est censée s’appliquer à partir du 15 juillet 2015 sans qu’aucune préparation n’ait été faite à l’endroit de toutes les parties prenantes au commerce maritime international », reprend le communiqué.
L’ACD, instauré dans les ports malgaches ouverts au trafic international, est installé en vue de mettre en conformité le niveau des ports malgaches aux normes de sécurité et de sureté dudit Code en matière de prévention et de lutte contre les actes malveillants, dont la piraterie et le terrorisme, pouvant affecter les navires marchands et leurs cargaisons ainsi que les installations portuaires.
D’autre part, les opérateurs haussent le ton face aux surtaxes exigées par la Loi de finances 2016. Une frustration de longue date puisqu’ils avaient émis des propositions au gouvernement, mais la décision a été unilatérale. Encore une fois, le dialogue public-privé n’est qu’une expression.
En plus des opérateurs maritimes, ceux de l’industrie alimentaire se plaignent également, et parlent d’une chute des investissements. « À cause de la hausse du droit d’accise sur les boissons industrielles, les réactions sont négatives de la part des investisseurs étrangers. Il faut mettre un terme à tout cela », s’indigne le président directeur général adjoint d’une grande industrie de boissons de la capitale.
Le GEM a affirmé que malgré les risques encourus, quant à la décision de suspension de participation aux activités publiques-privés, la machine est mise en marche et ne reculera pas.
Tiasoa Samantha