C’est officiel, la Commission européenne retire Air Madagascar de l’annexe B. Il faudra, maintenant, que la compagnie et tous les acteurs du secteur s’activent pour en tirer profit et ne pas y retourner.
Et la suite Hier, la Commission européenne (CE), a officialisé sa décision de retirer Air Madagascar de l’annexe B. La compagnie aérienne malgache n’étant plus black listée, ses appareils pourront, désormais, reprendre leurs vols vers le territoire de l’Union européenne (UE).
L’annonce de la décision du CE a été faite par Hery Rajaonarimampianina, président de la République, en personne, lors de la cérémonie de clôture d’un atelier organisé par l’Aviation civile de Madagascar (ACM), portant, justement, sur « Les problématiques de l’inscription dans les safety lists ». La joie et la liesse passées, il faudra, maintenant, songer aux démarches à suivre. Après plus de cinq ans de galère, Air Madagascar « devra tout de suite se repositionner sur le marché, afin de capitaliser cette décision », comme l’indique le commandant Rado Rabarilala, président du syndicat des employés de la compagnie nationale.
Se félicitant de la décision de la CE, le syndicaliste fait, toutefois, état de quelques problématiques à résoudre. Afin de pouvoir rebondir sur le marché, la solution pourrait être de diversifier les lignes. Notre avantage, explique-t-il, est que, depuis les sanctions, le trafic a été réduit, ce qui a permis plus d’efficience des contrôles de sécurité et mesures de sureté. Mais, il faudrait alors appréhender l’augmentation de la fréquence des vols.
Continuité
Il faudra, aussi, savoir ce qu’il en est des contrats des prestataires étrangers qu’Air Madagascar a dû engager, suite à son inscription dans l’annexe B. « C’est l’un des principaux surcoûts », explique le commandant Rabarilala.
Hier, le président de la République, tout comme Antonio Sanchez-Benedito, ambassadeur de l’UE ont mis en avant les bénéfices que cette sortie de l’annexe B apporteront à Air Madagascar, mais aussi à l’économie nationale, comme le développement du tourisme. Maintenant, la compagnie pourra prendre pleinement part à l’objectif de faire venir un million de touristes par an dans la Grande île, ou encore, rivaliser avec la concurrence dans l’open sky. Mais il faudrait, là encore, une flotte bien fournie.
L’assurance fournie par Air Madagascar, mais aussi, par l’Aviation civile de Madagascar (ACM), en matière de sécurité et de sûreté a motivé la décision de la CE. Autant le chef de l’État, que l’ambassadeur européen, ont souligné l’importance de la durabilité de ces efforts. Lorsque Hery Rajaonarimampianina a été questionné sur ce qu’il en sera de l’après suite à la décision d’hier, il a préféré miser sur le renforcement des acquis. « Nous allons d’abord continuer à renforcer la sécurité et continuer à améliorer la gestion de la compagnie », a-t-il répliqué.
Le chef de l’État n’écarte, néanmoins, pas l’idée de l’achat de nouveaux aéronefs et même l’ouverture du capital d’Air Madagascar, qui pourrait entrer dans le cadre du plan de redressement de la compagnie. « La compagnie doit retrouver sa place et son prestige antérieur avec le concours de l’État qui doit rester l’actionnaire majoritaire de référence dans son capital social », a déclaré le Président dans son discours de clôture de l’atelier d’hier. Mais pour cela, il faudra d’abord régler quelques détails importants, comme revenir à l’immatriculation malgache pour les aéronefs long courrier opérationnels, ou encore la reconquête d’une licence européenne pour les pilotes locaux.
À l’issue de la cérémonie d’hier, James Andrianalisoa, directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM), a souligné la nécessité de cet effort soutenu et de ne pas aller trop vite en besogne. Selon ses dires en avançant « avec des solutions cosmétiques », une compagnie africaine sortie de l’annexe B s’est vue cochée dans la liste A qui est plus prohibitive, quelques mois après. La CE pourrait décider un nouvel audit inopiné après quelques mois. D’ici là, il s’agit pour l’ACM et Air Madagascar de juguler les cinq-cents soixante-quatorze anomalies ayant conduit à la liste B. Le chef de l’État le reconnaît que s’extirper de la « safety list », n’est pas une finalité.
Garry Fabrice Ranaivoson