L’envoyé spécial de la SADC soutient qu’il faut donner la chance à la réconciliation. Joaquim Chissano semble abonder dans le sens de ceux qui appellent au dialogue
Autour d’une table. À entendre Joaquim Chissano, envoyé spécial de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC), cette voie est idéale pour trouver une solution aux complications politiques, actuelles, à Madagascar. L’ancien médiateur plaide, notamment, pour « le dialogue ».
En mission de suivi-évaluation de la situation politico-économique dans la Grande ile, après la sortie de crise, l’émissaire de l’organisation sous-régionale multiplie les rencontres avec les autorités et acteurs politiques malgaches. Dans la journée d’hier, Joaquim Chissano a, entre autres, eu une entrevue avec Marc Ravalomanana, ancien président, à Faravohitra. Une rencontre à l’issue de laquelle il a été questionné sur son avis quant à la turbulence politique que traverse le pays en ce moment.
« Depuis mon arrivée, j’entends des leaders qui appellent au dialogue. Lors de notre entrevue, Marc Ravalomanana m’a dit la même chose. Effectivement, je pense que la solution au problème se trouve autour d’une table », a déclaré l’envoyé spécial, en marge de son entretien avec le résident de Faravohitra. « Le dialogue », un chemin discuté par l’émissaire de la SADC avec Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, si l’on s’en tient au communiqué de presse rapportant la rencontre entre les deux personnalités, hier, au palais d’État de Mahazoarivo.
Réconciliation
La feuille de route du séjour de Joaquim Chissano à Madagascar, selon ses dires, à l’issue de la rencontre avec Hery Rajaonarimampianina, président de la République, à Iavoloha, mardi, consiste à « voir et connaître la situation politique et économique actuelle dans le pays. Recueillir les diverses opinions afin de pouvoir informer de la situation l’ensemble des chefs d’État de la SADC ». Chez le Premier ministre, il a été dit aussi que sa visite entre dans « le processus de mise en œuvre de la réconciliation nationale, ainsi que la question liée à la stabilité de Madagascar ».
La réconciliation qui, pour la SADC, semble être un paramètre incontournable dans la quête d’une stabilité durable. « C’est l’aspect réconciliation qu’il faut pousser en priorité, qui n’est justement pas réalisé », a soutenu l’envoyé spécial à Faravohitra. La missive partagée à la presse par la primature rapporte, quant à elle, que « les observations sont principalement axées sur la garantie de la stabilité, de la sécurité (…) et la résolution des problèmes pour la mise en œuvre des décisions à prendre, étant donné que la réconciliation n’est pas réussie, ce qui demande un renouvellement de dialogue avec toutes les parties prenantes pour voir comment bâtir une vision commune ».
Pour la SADC, le dialogue devrait être réactivé et le processus de réconciliation nationale mené à terme. Si l’on en croit les mots de l’ancien président Ravalomanana, la délégation de l’organisation sous-régionale concède, toutefois, que le principal blocage au dialogue pourrait être le fait que « chaque partie campe sur ses points de vue ». Le courant opposant officieuse table sur une discussion menant à une convention pour réformer la structure étatique. Une idée formellement rejetée par le pouvoir.
Dans l’atmosphère politique agitée actuelle, il faudra aussi convaincre Albert Zafy et Andry Rajoelina, anciens chefs d’État, à retourner à la table des discussions. Ces derniers ont déjà claqué la porte au processus de réconciliation initiée par le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). L’évolution de la conjoncture montre enfin, qu’outre les anciens Présidents, il semble qu’il faudra également compter sur de nouveaux acteurs et entités politiques pour s’assurer une stabilité durable.
Garry Fabrice Ranaivoson