Les chefs de file du mouvement « Antso ho fanavotam-pirenena » ont laissé en plan les forces de l’ordre. Comme annoncé, ces dernières se sont pourtant postées en masse à Analakely, en plein centre ville d’Antananarivo. Repli stratégique. Ou plutôt abstention stratégique serait l’expression appropriée pour résumer les propos de Faniry Razafimanantany, chef de file du mouvement « Antso ho an’ny fanavontam-pirenena » (AFP), pour expliquer la raison de son absence à Analakely, vendredi.
Aussi, le face-à-face attendu entre les manifestants glanés par l’AFP, dans l’optique de démettre du pouvoir les responsables étatiques actuels, et les éléments de l’État-major mixte opérationnel (EMMO) n’a pas eu lieu. Et pourtant, ces derniers étaient déterminés à « annihiler toute manifestation non autorisée et à défendre les institutions légalement constituées, ainsi que la population et ses biens », comme l’a affirmé le général Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale (CIRGN). Dans l’ensem- ble, l’avenue de l’Indépendance a été calme.
Comme l’a annoncé le commandant de la CIRGN, l’EMMO a mis en place un dispositif « plus que massif ». Le rassemblement des éléments transportés par camions entiers et véhicules tout terrain, en début de matinée, a motivé les railleries des passants. « Y aurait-il un remake du défilé militaire de la fête nationale », ont ironisé certains, à la vue des colonnes d’hommes des forces de l’ordre, alignés devant les arcades de l’avenue.

Quelques manifestants ont tenté d’atteindre l’avenue de l’Indépendance, en vain.
Les forces spéciales et des forces d’intervention de la gendarmerie et la police nationale se sont aussi mobilisées, avec en prime des bérets rouges de l’armée.
Telles que l’ont prévu les responsables durant la conférence de presse d’Ankadilalana, mercredi, les voies d’accès à l’avenue de l’Indépendance ont été quadrillées par l’EMMO. Les patrouilles et les fouilles des personnes et des véhicules « louches », ont été de mise.
Dissuasion
Tout attroupement a été interdit et même les marchands de rue et vendeurs à la sauvette ont été persona non grata sur la grande artère. La plupart des magasins d’Analakely et ses environs ont décidé de garder leurs rideaux de fer baissés pour prévenir tout débordement.
Pourtant, Faniry Razafimanantany a laissé en plan les forces de l’ordre qui l’ont attendu de pied ferme, ainsi que les quelques dizaines de personnes qui ont répondu à l’appel de l’AFP, visiblement égarées faute de meneur. « Une arrestation nécessite un élément matériel. S’il y a manifestation interdite, nous procèderons à l’arrestation des meneurs. Dans le cas contraire, l’élément matériel ne sera pas constitué », a soutenu le général Rakotomahanina.
Ainsi, jusqu’à midi, c’était le calme plat à Analakely. L’arrivée sur place de Dieu Donné Rabearison, de son nom d’artiste Vahombey, et d’une autre personne indiquée comme étant l’une des têtes de l’AFP, a quelque peu galvanisé les dizaines de manifestants qui, vers 12h30, ont décidé de donner de la voix. Partant du devant du Centre culturel Rarihasina, ils ont projeté de descendre sur l’avenue de l’Indépendance.
Une initiative tuée dans l’œuf à coups de manœuvres d’intimidation par les forces de l’ordre et après un chassé-croisé d’un peu plus d’une demi-heure. Une fois n’est pas coutume, il n’y a pas eu de lancement de gaz lacrymogène.
Du reste, les deux visages politiques se sont éclipsés aussi vite qu’ils sont apparus. Hormis les deux hommes, aucun des ténors des mouvements politiques séditieux, qui s’illustrent dans les débats médiatiques du moment, n’a été aperçu sur la grande artère du centre-ville hier.
Garry Fabrice Ranaivoson