Pour éviter de froisser les humeurs et les usages, le chef du gouvernement refuse de prendre position dans le litige foncier d’Andohatapenaka. Implicitement, pourtant, il charge Marc Ravalomanana.
Évitement. C’est la manœuvre choisie par Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, lorsque la question sur le litige foncier entre Marc Ravalomanana, ancien président, et le ministère auprès de la Présidence en charge des Projets présidentiels, de l’Aménagement du territoire et de l’équipement, lui a été posée, hier. La position de l’Exécutif face à l’entrée de force du représentant du département ministériel dans la fourrière municipale d’Andohatapenaka, lui a été demandée.
« Au lieu de la position du gouvernement, je préfèrerais plutôt parler du respect de la loi. En tant que Premier ministre, je soutiens que tout le monde, quel qu’il soit, doit respecter les textes en vigueur. Chacun de part et d’autre doit s’appliquer à appliquer la loi », a déclaré le locataire de Mahazoarivo, en marge de la cérémonie de clôture de l’atelier sur la Réforme du secteur sécurité, hier, à Anosy. Dans sa réponse, le Premier ministre a soigneusement évité de nommer les entités et les personnalités concernées directement par le litige.
Le conflit concernant les droits sur le terrain d’Andohatapenaka oppose le ministère conduit par Narison Rafidimanana et l’ancien chef d’État. Seulement, l’entrée sur le ring de la commune urbaine d’Antananarivo (CUA), suite à l’entrée de force, lundi soir, du colonel Ramiaramanana, coordonnateur national du suivi des projets présidentiels, à la fourrière municipale d’Andohatapenaka, pour récupérer, manu militari, trois camions travaillant sur le chantier du terrain en litige, saisis par la commune, dans la matinée de lundi, a corsé l’affaire.
L’implication de la CUA dans le dossier pourrait avoir amené le numéro 2 de l’Exécutif, à aborder le sujet avec des pincettes.
Légitime
Une manière d’éviter que le conflit entre la CUA et le ministère auprès de la Présidence ne devienne un bras de fer entre l’autorité décentralisée et l’institution gouvernementale. D’autant plus, qu’après le point de presse de Lalao Ravalomanana, maire d’Antananarivo, mardi, les autorités communales semblent s’être calmées.
Dans sa réaction d’hier, le Premier ministre Mahafaly a, néanmoins, égratigné Marc Ravalomanana, qui revendique l’appartenance du terrain d’Andohatapenaka au groupe Tiko. « Je vous invite à faire des investigations pour savoir qui est réellement le propriétaire des lieux », a soutenu le chef du gouvernement. Le ministère auprès de la Présidence en charge de l’Aménagement du territoire affirme que le terrain en question appartient à l’État. Une position reprise dans un communiqué publié, mardi.
« (…) le pouvoir en place en 2007 a procédé à une expropriation pour utilité publique de plusieurs parcelles de terrains à Andohatapenaka. (…) Tiko, (…) bénéficiant d’abus de pouvoir (…) a, néanmoins, réussi à acheter ledit terrain en 2008, en incluant au passage plusieurs autres parcelles appartenant à l’État. Le ministre de l’Aménagement du territoire de l’époque, Hajo Andrianainarivelo, après avoir constaté l’irrégularité de cet acte de vente (…) l’a annulé (…) », soutient la missive ministérielle.
À entendre Solonandrasana Olivier Mahafaly, la réaction étatique par le biais du ministère auprès de la Présidence serait légitime. La question qui lui a été posée, hier, porte, cependant, sur la légalité de l’action conduite par le colonel Ramiaramanana. Ce dernier ayant affirmé que « ce droit », de forcer le domaine municipal sans document légal et par simple avertissement verbal, lui a été conféré par un ordre étatique motivé par l’intérêt public. Dans une réaction publiée par quelques presses privées de la capitale, hier, le ministre Rafidimanana a affirmé : « Je ne reculerais pas lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt de la nation ».
Il est indiqué dans les articles que le numéro 2 du gouvernement « a donné l’ordre à ses collaborateurs d’accélérer la cadence dans la réalisation des promesses présidentielles, notamment, la construction de la gare routière d’Andohatapenaka (…) aucune entrave ne sera tolérée ». Certes, mais il n’a été mentionné nulle part que le ministre auprès de la Présidence ait ordonné l’assaut de la fourrière d’Andohatapenaka pour récupérer les trois camions de remblais. Une action qui, quelle que soit la légitimé des motivations, témoigne d’un abus de pouvoir flagrant.
Garry Fabrice Ranaivoson