À mi-mandat, le pouvoir n’a toujours pas nommé d’ambassadeur. En attendant,
le ministère des Affaires étrangères lorgne les diplomates nouvellement diplômés.
Gestation illimitée. L’État montre peu d’empressement quant à la nomination des nouveaux ambassadeurs. Depuis le temps que la question a été dite en prégnation par les responsables étatiques, il semble que la nomination de ceux qui dirigeront les représentations malgaches à l’étranger connaisse un accouchement difficile.
Une cérémonie de présentation officielle des diplomates, fraîchement diplômés de l’École nationale de l’administration publique (ENAM), s’est tenue, hier, à la salle des séances du ministère des Affaires étrangères. L’occasion pour les journalistes de reposer la question concernant la nomination des nouveaux ambassadeurs à Béatrice Attalah, chef de la diplomatie. Et la réponse du numéro un du département d’Anosy n’a pas changé d’un iota.
« La nomination des ambassadeurs est une prérogative
exclusive du président de la République », a, une nouvelle fois, répliqué la ministre des Affaires étrangères. Dans une interview, en juin 2015, Béatrice Attalah avait indiqué qu’elle a déjà transmis la liste des candidats au poste de représentants diplomatiques de la Grande île à Hery Rajaonarimampianina, chef de l’État. Le quinquennat du locataire d’Iavoloha est à mi-parcours. Depuis le temps, aucun ambassadeur n’a encore été nommé, alors qu’à l’heure actuelle, ceux de New York, Chine, Canada sont les seuls en poste.
Carrière
Questionné à quelques reprises sur le sujet, le numéro un de la République a toujours affirmé se pencher sur le sujet et que ce n’était plus qu’une question de temps. La diplomatie de combat et économique qu’il compte mettre en place semble, pourtant, souffrir de l’absence de relais auprès des partenaires internationaux de la Grande île. La conférence des bailleurs et amis de Madagascar se tiendra, par exemple, en octobre, à Paris.
Une armada d’ambassadeurs pourrait s’avérer nécessaire pour la continuité des tractations qui seront entamées, ou encore la concrétisation des accords de principe acquis. Souvent considéré comme un poste politique, ce motif est avancé par certains pour expliquer cet accouchement difficile. Surtout que la pratique des anciens dirigeants est de se servir des ambassades comme garage des politiciens gênants, mais qu’on évite de froisser.
« Le Président veut des personnes acquises à sa politique, mais aussi, compétentes et expérimentées pour les ambassades clés comme celle de Bruxelles, Paris, Washington ou New York », indiquait une source avisée, quelques semaines après l’interview de la ministre Attalah, en juin 2015. Madagascar est visiblement à court de personnalités remplissant les critères présidentiels pour ces destinations convoitées. L’intention d’ouvrir de nouvelles ambassades et le temps que prennent les procédures y afférentes pourraient aussi expliquer cette longue attente.
Récemment, un habitué d’Iavoloha a avancé un problème financier. Le budget des ambassades est, pourtant, compris dans celui que la loi de finance attribue au ministère des Affaires étrangères. À l’heure actuelle, seul le président Rajaonarimampianina connaît les raisons qui l’empêchent de prendre une décision. En attendant, le ministère des Affaires étrangères fait les yeux doux aux diplomates de carrière.
Le syndicat de ces derniers qui revendiquent les postes d’ambassadeur, mais surtout, ils estiment que les fonctions techniques dans les ambassades devraient leur revenir de droit. Ce qui ne serait pas toujours le cas. Lors de la présentation officielle des nouveaux diplômés de l’ENAM, hier, Béatrice Attalah a soutenu que les postes budgétaires destinés au diplomates de carrière leurs sont « exclusivement » réservés.
Garry Fabrice Ranaivoson