Président sortant de l’église FJKM, le pasteur Lala Rasendrahasina confie qu’il se sent peu apprécié au sein de l’église réformée. Il explique aussi les raisons de son retrait à la course à la présidence de cette confession.
Mal-aimé. C’est ainsi que le pasteur Lala Rasendrahasina, ancien président de l’église réformée de Madagascar (FJKM), résume ses sentiments vis-à-vis du temps qu’il a passé dans les instances dirigeantes de cette confession au sein du Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM).
Après 26 ans à avoir officié au sein de la FJKM, dont 12 ans comme président de cette église, le pasteur Rasendrahasina déclare : « Depuis 2012, j’ai été toujours victime de coups bas. Pour des raisons qui me sont inconnues, on m’a mis des bâtons dans les roues durant mes trois mandats. En fait, j’ai été assailli depuis ma sortie de la Faculté en 1985. Je me sens comme mal aimé au sein du FJKM. Je sais qu’il y a ceux qui m’aiment mais, je sens, également, qu’on ne m’apprécie guère ».
Le désormais ancien numéro un de l’église réformée affirme, du reste, que le tollé médiatique l’impliquant, il y a quelques mois, n’a eu aucun impact sur sa position, ni sur ses responsabilités au sein de la FJKM. Il explique, toutefois, les raisons qui l’ont amené à se retirer de la course pour un nouveau mandat à la tête de cette confession, en soutenant : « Je me suis rendu compte qu’il m’aurait été difficile de travailler avec des personnes dont la plupart, à ma connaissance, ne me portent pas dans leur cœur. Cela n’aurait engendré que des frustrations ».
Le pasteur Rasendrahasina reconnaît, néanmoins, qu’au départ, il était déterminé à rempiler pour la présidence de la FJKM. « La preuve, j’ai été réélu parmi les cent Mpiandraikitra foibe.
Unité
On a proposé mon nom lors de l’élection du président du bureau national, mais j’ai préféré ne pas me lever. C’était une décision de dernière minute. J’ai pris cette mesure après avoir vu l’élection des Mpiandraikitra foibe, dont deux sur trois sont de nouvelles têtes ».
L’ancien président de l’église réformée plaide ainsi, le souci de préserver l’unité de la FJKM dans sa décision de ne plus tenter un quatrième mandat. « (…) L’élaboration du programme et du budget du FJKM, la décision sur l’affectation ou la prise de poste des pasteurs (…) bref tout ce qui concerne l’église repose sur l’instance composée par les Mpiandraikitra foibe. (…) Ma décision est, également, une façon de préserver l’unité de l’Église. Je pense que si je m’étais porté candidat, la bataille aurait été serrée. Cela aurait risqué d’entrainer une division au sein des fidèles », soutient-il.
Le dernier synode national de la FJKM, à Antsirabe, a ainsi, décidé de confier les rênes de l’église au pasteur Irako Andriamahazosoa Ammi. Des bruits qui ont circulé ont indiqué que Marc Ravalomanana, ancien vice-président laïc de l’église réformée, aurait soutenu la candidature du président nouvellement élu de la FJKM. « Je ne peux pas dire si elles sont fondées ou non. Mais effectivement, j’ai eu vent de ces informations après le grand synode. On m’a appris que le vice-président Marc Ravalomanana a fait campagne pour le pasteur Irako Andriamahazosoa et pour la candidature de certains membres actuels du bureau national », confie le pasteur Rasendrahasina.
Le président sortant de la FJKM balaie, pourtant, tout raccourci de la situation à un clash entre lui et l’ancien chef d’État, réputé comme l’un de ses proches. « Durant notre mandat, nous avons eu quelques différends sur les responsabilités. Mais c’est resté à ce stade-là. S’il a choisi de soutenir un autre candidat, c’est qu’il a ses propres raisons et pense que c’est mieux ainsi. Je respecte sa décision, sans rancune », soutient-il.
Durant l’entretien, celui qui, à plusieurs reprises, a déjà occupé la présidence du FFKM a, également, été questionné sur la situation du processus de réconciliation nationale. « (…) l’élaboration du projet de loi (…) se basant sur les résolutions des ateliers sur la réconciliation nationale, initiés par le FFKM, est entièrement entre les mains du président de la République. Cela fait 19 mois que les résolutions lui ont été remises. (…) Je ne pense pas que cela figure parmi les priorités actuelles du chef d’État », indique-t-il.
Recueillis par Garry Fabrice Ranaivoson