La famille politique de la députée Rahantanirina est montée au front sur l’affaire de la « perquisition », aux 67ha. Mapar dénonce un acte d’intimidation.
Intimidation. C’est ainsi que le Groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar) qualifie « la violente intrusion », d’éléments de la police nationale, au domicile de la députée Lalao Rahantanirina, élue à Mahajanga. Lors d’une conférence de presse, hier à Ambodivona, la formation orange a qualifié l’intervention policière de coup politique contre le membre de l’Assemblée nationale.
Pour les partisans de Andry Rajoelina, il s’agit de représailles politiques. « La population ne peut plus travailler dans la quiétude, il n’y a pas d’État de droit et ceux qui ne partagent pas l’idée des dirigeants sont persécutés », arguent-ils. Aussi, les Oranges qualifient les faits de « violation de domicile, coups et blessures volontaires, arrestations arbitraires, vol, violence policière, incarcération illégale et non respect des droits de l’Homme ». Ils réclament l’identité des responsables de l’acte, et la libération des proches et employés de la députée placés sous mandat de dépôt.
Dans la nuit de lundi à mardi, vers 2 heures 30, des agents de police cagoulés pour certains et en civil pour d’autres ont débarqué au domicile de la députée Rahantanirina pour procéder à « une perquisition », selon le récit de l’élue. Une intervention « brutale », selon ses dires, et ayant gravement blessé quatre des occupants des lieux. Quatre personnes conduites, ensuite, au commissariat central, « où elles ont encore été tabassées ».
Changement de langage
Des appareils informatiques et numériques et autres objets de valeur auraient été emportés par les agents perquisiteurs. Questionné sur le sujet mardi, un responsable auprès du commissariat central avait soutenu : « J’ai eu vent de cette affaire, mais ni les éléments, ni l’ordre de mission n’ont émané du central ». Le lendemain, à la suite d’une demande d’explication à la police centrale, l’élue de Mahajanga a rapporté que les responsables lui ont indiqué que ses quatre proches sont inculpées de « voie de fait contre agent de police ».
Les trois jeunes hommes présents dans le domicile de la députée, pensant à mal, faute de présentation de mandat ou de carte professionnelle, ont effectivement refoulé par la force deux individus s’étant présentés comme des agents en civil. Ces derniers ont ensuite appelé en renfort les agents cagoulés. Dans un communiqué publié hier, la police nationale soutient pourtant que « (…) très tôt mardi, le commissariat central a été alerté d’un vol avec violence ayant causé des blessures et la perte de somme d’argent (…) ».
Une alerte « considérée comme un flagrant délit. (…) les policiers ont procédé à une arrestation et non pas à une perquisition », affirme le communiqué. Une manière, probablement, d’expliquer l’absence de mandat. Les personnes inculpées ont pourtant été tirées du lit. Et aucune course-poursuite, ou clameur publique, n’a précédé « l’intervention ».
Selon l’article 206 du code de procédure pénale : « Est qualifié de crime ou de délit flagrant le crime ou le délit qui se commet actuellement, ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique, ou est trouvée en possession d’objets, ou présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au crime ou au délit qui vient de se commettre ». Outre le motif de l’action, le changement de langage de la police intrigue d’autant plus.
Garry Fabrice Ranaivoson