Sous les feux croisés de leurs contestataires, les tenants du pouvoir n’en finissent plus de se défendre. L’ensemble de l’Exécutif monte au filet.
Tous au front. Tel semble être le mot d’ordre au sein de l’Exécutif. Depuis quelques jours, les sorties publiques et médiatiques des tenants du pouvoir se résument, souvent, à une défense des actions étatiques, ou encore, à appeler les administrés à ne pas suivre l’appel à la sédition de certains courants d’opposants.
En première ligne se trouve Hery Rajaonarimampianina, président de la République. Ce dernier profite de chaque tournée pour défendre son bilan, appeler la population à soutenir sa politique, et à faire le choix de l’alternance démocratique. Il multiplie surtout les explications sur les contretemps dans la concrétisation des promesses présidentielles. « J’entends vos aspirations et je connais vos difficultés, seulement, nous ne pourrons pas tout faire en un seul jour (…) Ne pensez pas qu’à aujourd’hui, car le chemin du développement est encore long », a-t-il, par exemple, déclaré à Antsohihy, le 1er septembre.
Le chef de l’État qui a continué sa croisade contre ses détracteurs jusque sur les médias francophones comme TV5 Monde et RFI, et hier, lors d’une série d’inaugurations à Mahajanga. Dans la capitale du Boeny, le locataire d’Iavoloha a tablé sur les bienfaits de l’énergie renouvelable pour régler les problèmes énergétiques.
Le gouvernement, lui aussi, n’est pas en reste. À Ambositra, hier, durant une cérémonie d’inauguration, Solonandrasana Olivier Mahafaly et une bonne partie de l’équipe gouvernementale se sont attelés à protéger les lignes du pouvoir. « Ce ne sont pas les revendications de la démission du président de la République qui apporteront une solution à la situation, mais la quête de solutions pour permettre à chaque ménage de manger à sa faim, de lui fournir une sécurité, un accès à des services de santé corrects », a soutenu le locataire de Mahazoarivo.
Mobilisation
Dans ses arguments pour démontrer les efforts étatiques, le numéro deux de l’Exécutif a, notamment, soulevé les mesures prises pour maîtriser l’inflation. Reprenant l’argument que l’augmentation des prix est causée par des spéculateurs ayant des visées politiques. Parlant lui, aussi, des problèmes dans la fourniture d’électricité, il a soutenu que les malversations au sein de la société Jirama « seront rendues publiques et les auteurs seront sanctionnés ».
En marge d’un événement, au Carlton, Anosy, jeudi, Rivo Rakotovao, ministre auprès de la présidence en charge de l’Agriculture et de l’élevage, s’est fait porte-parole de l’Exécutif pour répondre à Marc Ravalomanana, ancien chef d’État. À Toamasina, hier, c’était le numéro 2 du gouvernement, Narison Rafidimanana, ministre auprès de la présidence en charge de l’Aménagement du territoire, qui a mené la contre-attaque envers les frondeurs du pouvoir, en vantant le mérite et les bénéfices que produiront « les projets structurants ».
Dans cette mobilisation générale pour répliquer à leurs assaillants, même les proches des tenants sont, visiblement, enrôlés. Invitée à prendre la parole lors d’une inauguration d’une infrastructure communale, à Nosy-be, hier, Bernadette Mahafaly, épouse du Premier ministre a soutenu que « Le gouvernement, le président Rajaonarimampianina et son Premier ministre travaillent ».
Discret sur la scène publique, depuis sa nomination, le commissaire divisionnaire Norbet Anandra, ministre de la Sécurité intérieure, lui aussi, était sur l’île aux parfums pour la cérémonie d’hier. Devant la presse, le membre du gouvernement s’est appliqué à déclarer qu’il n’était plus opportun de fomenter des actes de déstabilisation ou des appels à la sédition. Face aux manœuvres de ceux qui appellent à la démission du chef de l’État donc, l’Exécutif commence à multiplier les répliques. Reste à voir qui saura se faire entendre et qui tiendra ses engagements.
Garry Fabrice Ranaivoson