La gendarmerie annonce vouloir porter plainte contre l’ancien président et l’association Gasy tia tanindrazana (GTT). Ces derniers sont accusés de diffamation sur Internet.
Et vogue la galère. Une première poursuite d’envergure pour cybercriminalité se profile à l’horizon. Suite à une publication qualifiée de diffamatoire, portant préjudice à la première dame Voahangy Rajaonarimampianina, au général de corps d’armée Didier Gérard Paza , secrétaire d’État chargé de la gendarmerie nationale ainsi qu’au général de brigade Jean de Dieu Daniel Ramiandrisoa, commandant de la gendarmerie nationale, des procédures judiciaires ont été annoncées hier, contre le blog Mouvement des Citoyens Malagasy de Paris.
Mis en ligne dimanche, un article qui suscite des remous, signé «Gasy Tia Tanindrazana (GTT) avec le président Ravalomanana», expose le blog et l’ancien chef d’État aux poursuites pénales encourues, selon les dispositions de l’article 20 sur la cybercriminalité, relatif à la diffamation. «La portée de la diffamation est grave. Les allégations relatées sont de surcroît infondées», s’insurge le général de corps d’armée Didier Gérard Paza, joint au téléphone, hier. «La gendarmerie entend porter l’affaire devant la justice», met-il en garde.
Le secrétaire d’État met en avant qu’une mesure immédiate a été prise, de telle sorte à rassurer l’opinion publique, et à réparer la désinformation dont lui même, la première dame, le commandant de la gendarmerie ainsi que le corps de la gendarmerie en lui-même, en font les frais. Un communiqué diffusé hier dans les ondes de la radio nationale, lu à la chaîne de télévision nationale, et relayé ce jour dans la presse écrite, dément fermement les incriminations.
Démission
Contacté hier soir, l’ancien président Marc Ravalomanana, sur ses gardes, se dédouane de toute responsabilité. «Certes le GTT me soutient, mais je n’ai aucune mainmise sur le blog. Moi-même je ne suis pas au courant de cet article. C’est vous qui m’en informez», a-t-il tiré au clair hier, lors d’une conversation téléphonique sécurisée. En saisissant la balle au bond, il souligne que la signature «GTT avec le président Ravalomanana», ne signifie pas pour autant qu’il est l’auteur de l’article, mais ce serait plutôt dans le sens qu’il bénéficie de l’appui du mouvement.
Le blog pointe du doigt de prétendues interventions que la Première dame aurait faites dans le cadre du concours d’entrée à l’Académie militaire, par le biais du secrétaire d’État chargé de la gendarmerie. Défendant bec et ongles l’honneur de Voahangy Rajaonarimampianina, la gendarmerie martèle dans son communiqué que « l’article véhicule sans conteste des rumeurs et constitue une diffamation à l’encontre de l’épouse du chef de l’État ».
Se défendant également de toute immixtion dans l’organisation du concours, la gendarmerie dément, point par point, les informations contenues dans l’article du blog, tout en rappelant les procédures relatives à l’organisation du concours d’entrée à l’Académie militaire. « Nous sensibilisons tout un chacun à approcher et à se renseigner auprès des responsables de la communication de la gendarmerie et à ne croire ni à prendre au pied de la lettre ce genre d’articles », poursuit le communiqué.
Enquêteurs et spécialistes de la cybercriminalité s’attellent, dès, lors sur ce sujet brûlant au niveau de la gendarmerie. Selon l’article 20 de la loi sur la cybercriminalité, la diffamation commise envers les forces armées nationales dont la gendarmerie, fait encourir à ses auteurs une amende de 2 à 100 millions d’ariary. Le texte ne prévoit pas les peines qui s’appliquent à l’épouse d’un chef de l’État dont le statut n’est prévu nulle part dans le droit positif malgache.
Pour les atteintes aux personnes physiques par le biais d’un système d’information, l’article 20 ne prévoit que les injures. Pour les poursuites éventuelles des présumés auteurs de diffamation contre la Première dame, il faudrait plutôt s’appuyer sur la loi régissant la communication, en l’occurrence le code de la communication médiatisée si celui-ci est déjà en vigueur. L’article 23 de ce texte prévoit, entre autres, que la diffamation commise contre une personne par le biais d’une publication électronique est punie d’une peine d’amende allant de 1 à 2 millions d’ariary.
Seth Andriamarohasina/Bodo Voahangy