Un pianiste talentueux et jeune par son expérience sur la scène. Benja Emadisson a transcendé le public venu l’écouter hier après-midi avec son épopée musicale.
Entre poésie et romantisme, c’est un soixante-onzième concert classique de midi aussi bien entraînant qu’enchanteur qui s’est tenu sur la scène de l’Institut français de Madagascar (IFM), hier. Tantôt gracieux, tantôt énergique dans sa manière de jouer de son instrument de prédilection, le piano, Benja Emadisson, polytechnicien de formation, a alors su charmer avec toute sa modestie le public de l’IFM. En toute simplicité, lui seul, laissant se balader aisément ses doigts sur son piano, enivre ainsi la salle, tout au long de ce qui s’annonce comme un tour du monde enchanteur et mélodieux qui regorge d’histoire.
De Madagascar à la Hongrie, en passant par la Turquie pour se terminer en Pologne, Benja Emadisson transporte littéralement les spectateurs qui se laissent transporter par les notes qui fusent de son piano. Constamment en quête de nouveaux talents à valoriser, Madagascar Mozarteum, organisateur de ces concerts classiques de midi, a ainsi, une fois encore, ravi le public avec ce talent exceptionnel qu’il a mis à l’affiche. Au programme donc, une ribambelle d’interprétations que le pianiste maîtrise et joue aisément à sa manière, à travers lesquelles il relate l’historique de quelques danses populaires du monde. Avec son amie Valérie Raveloson à la narration précédant chaque composition, le public se laisse facilement bercer.
Éloquent
Près d’une dizaine de compositions de renom ont garni le répertoire du pianiste pour son concert.
« C’est là pour moi, la toute première fois que je joue devant un public. J’avoue que c’est très difficile, mais c’est tout aussi plaisant et satisfaisant et j’en suis ravi », confie Benja Emadisson.
Son piano et lui se trouvent dans le coin gauche de la scène, avec la lumière tamisée et des images projetées sur l’écran géant de la salle illustrant chaque composition. Le concert a alors débuté tambour battant, où dans ce cas-ci, un piano remplace le tambour, avec une interprétation du « Afindrafindrao » de Razafindriantsoa, de quoi mettre vivement le public dans l’ambiance. S’ensuit une épopée vers l’Europe où, entre autres, avec « Tango tzigane » de Jacob Gade et « My wild irish rose » de Keith Jarett, le pianiste se découvre en douceur et frénésie en conjuguant les notes graves et aigües.
Son interprétation de «Tanisa» de Naly Rakotofiringa a notamment marqué le public, une mélodie folklorique malgache que Benja Emadisson a fait sienne, le temps d’un concert. Adoubé d’un « bis » son interprétation n’a rien à envier à celles des grands compositeurs qu’il idolâtre. Sa reprise de « Tanisa » d’une manière classique a fait vibrer le tout IFM du début jusqu’à la fin. Pour finir justement, le pianiste a interprété la « Polonaise héroïque » de Frédéric Chopin avec fougue et vivacité, en accompagnant en musique les fresques du peintre polonais Marek Langowski projetés sur scène.
Benja Emadisson est actuellement professeur de piano à temps plein au Cercle germano-malgache (CGM), après avoir fait ses études musicales au Centre national de l’enseignement de la musique (CNEM).
Andry Patrick Rakotondrazaka