Quantcast
Channel: L'Express de Madagascar
Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398

Soamahamanina – Rixe entre manifestants et forces de l’ordre

$
0
0

La manifestation des habitants de Soamahamanina s’est à nouveau soldée par une altercation avec les forces de l’ordre. L’absence de meneur n’a visiblement pas entamé l’ardeur des villageois.

Irréductibles. Les jours et les semaines passent mais, les exaltations des habitants de Soamahanina, opposés à l’exploitation minière par la société Juixing Mines, ne paraissent pas s’étioler. L’absence des présumés meneurs des manifestants, deux en détention provisoire et l’un activement recherché, n’a visiblement pas été dissuasif.
Comme ils l’avaient annoncé la semaine dernière, les indomptables contestataires de Soamahamanina se sont donné rendez-vous sur l’artère principale de la commune rurale, qui est aussi une portion de la route nationale n°1, afin de faire valoir leur revendication. La manifestation qui a démarré à 11 heures 15 minutes s’est terminée vers 12 heures 45 minutes par une brutale altercation avec les forces de l’ordre.
Une rixe brève mais féroce ayant fait dix blessés, presque tous à la tête ou au visage, dont six du coté des civils et cinq dans le camp de la gendarmerie nationale, dont un officier. Des blessures, plus impressionnantes que graves, causées par des jets ou des éclats de projectiles ont été constatées. Deux jeunes hommes porteurs de banderole ont par ailleurs été appréhendés. « Nous allons les remettre au tribunal. Laissons la justice décider de leur sort », a déclaré le lieutenant colonel Honoré Randrianantenaina, contacté par téléphone, hier, en fin d’après-midi.
Bien que les manifestants aient été survoltés, le mouvement de contestation s’était déroulé sans heurt durant plus d’une heure. Les quel­ques actions des forces de l’ordre étant d’avoir dispersé des poudres dispersantes afin d’amener la foule à dégager la RN1 et laisser passer les taxi brousses, voitures particulières et camions qui l’empruntaient. Les villageois se sont, par la suite, organisé pour faire en sorte qu’un côté de la route nationale reste circulable.

Se faire entendre
La situation s’est cependant corsée lorsqu’une bonne partie des irréductibles villageois ont décidé d’investir la route, bloquant le passage des véhicules avec des moellons. Les forces de l’ordre qui se contentaient, jusque là, de jouer un rôle de balisage et, parfois de négociateur pour convaincre les manifestants de ne pas obstruer la circulation, ont dépêché une dizaine d’hommes pour tenter de défaire le barrage humain.
N’ayant pas eu une bonne appréciation de la situation, vraisemblablement, la dizaine d’éléments qui ont usé de matraques et boucliers afin de se frayer un chemin dans la foule dense, se sont retrou­vés en plein milieu de plusieurs dizaines de mani­festants survoltés qui ont rendu les coups. Submergés par le nombre des villageois, les quelques gendarmes désemparés ont lancé des gaz lacrymogènes pour s’extirper de l’étau. Ceux qui sont restés à l’arrière leur ont prêté main forte par des jets de grenades asphyxiantes. Les manifestants ayant répliqué par une pluie de briques et de pierres.
En l’absence de meneurs, par ailleurs, la manifestation d’hier semble avoir été une manière pour les villageois de s’épancher, l’objectif paraît juste avoir été de se faire entendre, d’hurler leurs doléances et revendications. Les vociférations étaient certes, décousues mais le message principal était toujours « Nous nous dressons ici pour protéger notre terre, la terre de nos ancêtres. Nous ne reculerons pas. Nous ne plierons pas ». Personnes âgées aux cheveux blancs ou grisonnants, mères et pères de famille, jeunes hommes et jeunes femmes, vieillards, adultes, adolescents ont fait corps, hier.
À côté des appels à ce que la société Jiuxing Mines quitte la commune, était aussi revendiqué la libération des deux leaders de l’association Vona Soamahamanina, placé sous mandat de dépôt à Antanimora. « Nous en avons assez d’être menés en bateau. Cela fait plusieurs semaines que nous faisons part de nos craintes, de nos peines, de nos doléances et aspirations. L’État refuse pourtant de nous entendre, et ne fait que nous accuser de déstabilisation et nous oppose l’oppression. Nous faisons que protéger notre terre, alors écoutez-nous », ont scandé des manifestants éperdus, au bord des larmes.

Garry Fabrice Ranaivoson


Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398

Trending Articles