L’état des sols conditionne la capacité de production. Des dispositions ont été prises pour former les paysans dans l’amélioration du désherbage.
Défi. Les mauvaises herbes, plus connues sous le nom d’adventices, constituent la principale contrainte de la production agricole. « Leurs impacts peuvent être extrêmement importants, du fait qu’elles peuvent être responsables d’une perte allant jusqu’à 50% de la récolte chez les agriculteurs », a souligné, hier, Thomas Le Bourgeois, chercheur spécialisé en malherbologie tropicale, et directeur de recherche du centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le développement (Cirad). Cette information est sortie durant l’atelier de clôture du projet d’identification et de connaissances des adventices des cultures de la région ouest de l’océan Indien (Wikwio), à l’Hotel Panorama.
De plus, dans l’agriculture familiale et traditionnelle, la technologie est presque inexistante et le travail se fait encore manuellement. Le désherbage occupe, alors à lui seul, les 50% du temps de travail. Pourtant, « si on peut améliorer la pratique du désherbage par les agriculteurs, ils vont d’une part gagner du temps dans leurs travaux, mais aussi gagner en efficacité, car gagner du temps leur permettra de produire plus. Madagascar pourrait devenir, de ce fait, un producteur extrêmement important », a-t-il expliqué.
Identification
« Au cours de ces trois années de travail, dans le cadre du projet Wikwio, nous avons pu accumuler des informations sur plus de quatre cent espèces d’adventices de la région », a indiqué Alain Paul Andrianaivo, malherbologue au sein du centre national de la Recherche appliquée au développement rural (Fofifa). En effet, le projet Wikwio porte sur l’identification et la connaissance des adventices des cultures vivrières et de rente, et a été subventionné par le programme ACP Science et technologie II de la Commission européenne. « Le projet travaille au travers un portail internet, où sont recensées les mauvaises herbes avec des photos et des informations utiles sur chacune d’elles », a-t-il expliqué.
Deux autres applications gratuites pour appareil mobile (smartphones, tablettes, PC) complémentent ce portail. Wikwio IDAO (Identification assistée par ordinateur) utilise le portrait-robot pour reconnaître une plante, et Wikwio CS (Science citoyenne) permet de capturer directement des photos de l’adventice au champ et de les envoyer au portail, soit pour demander de l’aide pour son identification, soit pour envoyer des observations spécifiques à l’espèce.
« On peut considérer actuellement que les agriculteurs et les paysans ne peuvent pas accéder directement à cette nouvelle technologie. Cependant, les agriculteurs bénéficient d’un encadrement par les techniciens du service agricole, qui eux, y ont accès. On a bien mis en évidence au cours de ces derniers mois, au travers des formations qui ont été réalisées, que les enfants des paysans y ont accès. Aussi, on a réalisé des formations au sein des écoles », a indiqué Thomas Le Bourgeois. À lui d’ajouter que « tous les jeunes qui sortent des Écoles agricoles et qui vont devenir agriculteurs, sauront certainement utiliser cette technologie de façon tout à fait courante ».
Pour Alain Paul Andrianaivo, « cette phase d’identification nous permet de nous renseigner sur ces adventices, et nous permet de développer des stratégies de lutte pour y faire face ».
Rado Andriamampandry