Plus de deux ans après la reprise de la coopération avec l’Union européenne, les aides financières tant attendues par Madagascar ne sont pas toujours là.
Madagascar doit continuer à convaincre pour voir les robinets des aides européennes au développement s’ouvrir. L’ambassadeur de l’Union européenne, Antonio Sanchez-Benedito a souligné, hier, en conférence de presse que le prochain décaissement dans le cadre du 11ème Fonds européen pour le développement (FED) dépendra de la conférence des bailleurs et des investisseurs qui se tiendra à Paris vers début décembre. C’est au cours de cette réunion, a-t-il souligné, que les avancées des efforts réalisés par le gouvernement malgache seront appréciées.
Cela devrait donc permettre à l’Union européenne de décider si elle peut enfin verser les premières tranches des aides destinées aux infrastructures en support au développement économique et celles prévues pour le développement rural. Il s’agira donc, pour les autorités malgaches, de convaincre l’Union européenne qui est son principal bailleur de fonds multilatéral, qu’elles font des efforts en matière de bonne gouvernance, de saine gestion des finances publiques, de la transparence budgétaire ainsi que de la lutte contre la corruption et les fraudes.
Elles doivent également rassurer les « Vingt-Huit » sur leurs actions en faveur de la sécurité intérieure de l’État notamment dans les zones rurales afin de contribuer à la restauration d’un État de droit. Il leur faut également prouver qu’elles renforcent l’État dans ses fonctions régaliennes et dans sa capacité à délivrer les services de base.
Partiel
Mais au-delà du respect de ses engagements inscrits dans le Programme indicatif national et des indicateurs définis, l’administration Rajaonarimampianina doit également encore présenter au cours de la conférence des bailleurs une liste détaillée, concrète et réaliste des programmes prioritaires qu’il entend réaliser et mettre en œuvre et pour lesquels elle demande des financements et des appuis. Ce qui, pour l’instant, ne semble pas encore effectif. Si les autorités ont déjà établi « une liste de projets dits “structurants” qui recensent les projets qu’elles estiment prioritaires », elles ne semblent pas encore les avoir priorisées, ni les avoir assorties d’échéanciers bien précis.
Plus de deux ans après le retour effectif de la coopération avec l’Union européenne et l’accord sur un don de 518 millions d’euros entre Madagascar et l’Europe, la Grande île continue donc toujours d’attendre les appuis européens. Jusqu’ici, elle s’est contentée d’environ 100 millions d’euros, dont une grande partie, 90% selon l’ambassadeur de l’Union européenne, était octroyée à titre d’aide budgétaire.
Pour la première tranche de cette aide qui s’élevait à 65 millions d’euros, aucun effort particulier n’était exigé. L’aide faisant partie de ce que l’Europe qualifiait de « paquet postélectoral », la seule tenue des élections et l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement avait alors suffi. Mais quand il a fallu débloquer le reliquat des 78 millions d’euros, l’Union européenne avait mis en avant le « caractère variable de la tranche en fonction de l’atteinte des indicateurs ». Elle n’avait pas hésité à ne procéder qu’à un décaissement partiel, 11,5 million d’euros au lieu des 13 millions attendus parce que les indicateurs liés à la santé de base et à la mise en place de la Haute cour de justice.
Lova Rabary-Rakotondravony