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Emmanuel Genvrin –« Raconter le vécu me met à l’aise »

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Auteur et dramaturge de renom à la Réunion, Emmanuel Genvrin a également de fortes affinités avec la Grande île. Un pays qui l’inspire, et dont il relate l’histoire dans son premier roman « Rock Sakay ».

Parlez-nous un peu de vous ?
Au tout début de ma carrière, j’ai été un musicien et un chanteur aussi. Dans ma jeunesse, j’ai fait des études en psychologie clinique, à la Sorbonne dont je suis diplômé. Après, j’ai exercé à La Réunion. Porté par ma passion, j’ai fondé un théâtre, qui s’est fait un peu tout seul durant une trentaine d’années. Plus tard, je me suis tourné vers l’opéra, j’ai écrit des pièces d’opérette, outre les quelques vingtaines de pièces de théâtre. De même, j’ai écrit des fictions et des nouvelles dans Kanyar, une revue qui visait à rénover la littérature réunionnaise avec des textes plus contemporains et modernes. Ça m’a mis en confiance et m’a poussé à écrire un roman, qui était à la base une nouvelle sur la « Sakay », et au fil des ans, l’histoire s’est garnie pour devenir ce roman-là.

« Rock Sakay », d’où vous est venu l’idée de cette histoire un peu autobiographique ? 
Effectivement, l’histoire est plus ou moins une retransposition de ma propre vie, à laquelle s’ajouté la vie des autres évidemment. De toute évidence, cela se perçoit aisément grâce au personnage principal, Jimi, qui passe d’un rockeur rebelle à un acteur de théâtre aguerri. J’ai choisi de décrire un personnage métis. Cela m’arrangeait dans mon récit pour en faire un personnage universel qui puisse passer aussi bien à Madagascar que dans les îles voisines. Après, on retrouve ces caractères et cette fougue typique de nous-mêmes, qui forgent notre personnalité. il faut savoir aussi que j’aime faire les choses vite et bien, du coup mes inspirations ne s’éloignent pas trop de mon environnement personnel. C’est pourquoi ce roman reflète dans son écriture qui je suis vraiment, de Madagascar à La Réunion.

On ressent dans votre roman une affinité particulière pour Madagascar, voulez-vous nous en dire plus ?
La Réunion je connais, car j’y ai quand même passé une bonne majorité de mon parcours, et j’y suis bien intégré. Pour Madagascar, c’est plutôt familial, j’ai de la famille malgache, mais c’est plus tardivement que le goût de Madagascar m’est venu en fait. J’ai toujours été impressionné par la Grande île, ce pays s’est découvert comme un mythe pour nous et elle nous faisait rêver. J’ai toujours eu des affinités avec votre pays, notamment lorsque j’ai encore fait du théâtre, on a souvent été en tournée, ici avec « L’opéra maraina » en 2007. Une pièce qui, justement, reflétait cette affiliation entre nos îles, puisqu’elle racontait l’histoire des premiers Malgaches venus sur l’île de la Réunion. C’est déjà à cette occasion, en côtoyant les artistes Malgaches, que j’ai découvert cette richesse culturelle que nous avons en commun, et ça m’a aidé à créer des liens entre ces îles.

Votre roman est très ancré dans la réalité, songez-vous à faire du fantastique aussi plus tard ?
Je reste plutôt dans l’aspect politique, contemporain malgache en fait. Quand j’évoque les Kung-fu malgaches dans « Rock Sakay » par exemple, je les ai connus, je les ai vus à l’œuvre en 1984. Pour vous dire que je me sens plus à l’aise à raconter ce que j’ai vécu, ce qui m’a marqué. La politique me passionne beaucoup, une passion que je partage avec les Malgaches eux-mêmes, apparemment, et j’affectionne particulièrement traiter ce sujet. Pour ce qui en est de la thématique des croyances, des mythologies et du fantastique en général, c’est plus vis-à-vis de la Réunion que je me plais à travailler ces sujets mystérieux. Je connais parfaitement les « Ombiasy» malgaches, mais je préfère vivre éloigné d’eux si possible (rires).

Vos futurs projets ? 
Entre la Réunion et Madagascar, j’ai commencé mes nouvelles en m’intéressant principalement aux histoires afférentes aux Malgaches, mais qui se trouvent à la Réunion et vice-versa. Disons que j’ai plus ou moins fait le tour de nos îles. Désormais, je pense aller découvrir les autres îles voisines, les Comores, Mayotte et les Seychelles. Ainsi, je concocte déjà un roman sur « Les escrocs en jupon » allant de la Réunion aux Comores, que je peaufine déjà un peu et qui, une fois encore, sera un roman d’actualité, puisque mon héroïne serait la petite fille du fameux mercenaire Bob Denard. Cette fois encore, l’histoire est partie d’une nouvelle que j’ai écrite, et j’espère l’étoffer un peu plus au fil du temps. J’ai écrit pas mal de pièces théâtrales pour les jeunes aussi, en ce moment je réalise un recueil de théâtres pour jeune public, et on réalise un ouvrage en français et en créole pour ces jeunes. Après, mon intérêt pour la jeunesse s’arrête là, car il y a déjà suffisamment de choses qui leur sont destinées, selon moi. Et je préfère m’en tenir à mes romans.

Propos recueillis par Andry Patrick Rakotondrazaka


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