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Relance économique – Rajaonarimampianina stigmatise les industriels

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Les industriels locaux se plaignent de l’insuffisance des mesures incitatives de la part de l’État, ou encore de la concurrence déloyale. Le président de la République pointe du doigt l’inertie des opérateurs.

Une claque. À entendre les propos de Hery Rajaonari­mampinina, président de la République, hier, à l’issue de la cérémonie de clôture du sommet du Marché commun des États d’Afrique orientale et australe (COMESA) au Centre de conférence internationale (CCI) d’Ivato, les opérateurs malgaches auraient une part de responsabilité conséquente dans la timidité du secteur de l’industrie. Dans une réplique qui sonne comme une réprimande à l’encontre des opérateurs locaux, le chef de l’État dénonce une certaine nonchalance des industriels.
« Ils se plaignent de l’insuffisance des mesures incitatives, mais il s’agit d’un effort commun », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse improvisée à la fin du sommet d’Antananarivo. À lui d’ajouter « (…) S’ils ont besoin d’appuis, l’État est disposé à en apporter à condition que les projets soient créateurs d’emplois, de valeurs ajoutées et augmente le niveau d’exportation (…) J’ai déjà posé un challenge dans ce sens et j’ai appelé à ce qu’un accord soit conclu en indiquant clairement les conditions. Seulement, au moment où j’ai lancé ce défi, personne n’a osé le relever. La proposition est toujours valable ».
Le président de la Répu­blique reconnaît, par ailleurs, l’existence de la concurrence déloyale. « Il faut souligner que ce sont des opérateurs qui sont derrière cette concurrence déloyale (…). Au moment où le pouvoir avait pris des mesures à l’encontre de ce problème, le secteur privé a été quelque peu nonchalant (…) », a-t-il lancé. Las visiblement de subir les coups de gueule et les remontrances du secteur privé, le locataire d’Iavo­loha s’est décidé à hausser le ton et à ne plus prendre des pincettes avec le groupement des entreprises privées.
La clôture du sommet du COMESA semble avoir été le contexte idéal. Il a ainsi rappelé qu’« une industrie inclusive et durable est un levier du développement », et que « l’industrie est le pilier de la relance et du développement économique ».

Incitations
En réaction, une source auprès du Syndicat des industries de Madagascar (SIM) soutient « Durant les réu­nions officielles, nous dénonçons des faits avec des données chiffrées à l’appui. Jusqu’ici, pourtant, l’on ne constate ni action, ni réaction concrète du pouvoir pour y mettre un terme alors que de fausses déclarations, ou encore des cas de non-paiement d’impôt lui sont soumis ». Elle déplore aussi que la profusion des trafics illicites favorise la concurrence déloyale due au blanchiment d’argent.
Au sujet des mesures incitatives, elle soutient que la seule initiative concrète de l’État est la réduction du taux directeur de la banque centrale. « Les banques commerciales n’ont pourtant pas suivi la tendance. Cette décision n’a donc rien amélioré pour les industriels », souligne-t-elle. Les institutions financières hésitent toujours à octroyer des prêts aux opérateurs nationaux. La source contactée affirme que « personnellement », elle n’est pas au fait du challenge lancé par le président Rajaonarimampianina.
Par mesure incitative, le SIM entend, entre autres, des incitations fiscales, l’amélioration de la recherche et du développement, de la formation et de l’environnement des affaires, particulièrement la sécurité juridique. « En réalité, Madagascar devrait être une mastodonte du COMESA car nous disposons d’un large panel de matières premières. Pour relier les deux bouts, il manque, cependant, l’industrie. Les mesures incitatives pour investir, surtout à l’endroit des Malgaches, sont insuffisantes, alors les industriels sont obligés de se débattre sur le marché intérieur », a-t-elle conclu.
Fredy Rajaonera, président du SIM, avait récemment indiqué qu’il appartient à l’État de prendre des sanctions contre ceux qui respectent les règles en s’adonnant à des pratiques déloyales et non pas au secteur privé. L’industriel répliquait alors par un discours tenu par Nourdnie Chabani, ministre de l’Industrie, qui avait tenu, à peu près, les mêmes propos que le président de la République. Le sommet du COMESA a pris fin, hier. « Pour une industrialisation inclusive » a été le thème central des huit jours de cogitation et de débat. Reste à voir les orientations politiques que l’État compte prendre, en référence aux suggestions du sommet d’Antananarivo.

Garry Fabrice Ranaivoson


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