Des membres de l’Assemblée nationale pointent du doigt le choix des priorités dans le projet de loi de finances. Les prévisions budgétaires des secteurs soulevés par les élus connaissent, toutefois, une hausse.
Insatisfait. Tel est le sentiment qu’ont laissé entrevoir plusieurs députés, hier, à l’issue de l’exposé des grandes orientations du projet de loi de finance 2017, faite par François Marie Gervais Rakotoarimanana, ministre des Finances et du budget.
La plupart de la cinquantaine d’élus présents durant la séance d’hier, pointe du doigt « les priorités définies par l’État dans ce texte et la répartition du budget de ses priorités ». À la sortie de l’hémicycle, un membre de la Chambre basse déplore, par exemple, « nous n’avons pas entendu le volet sécurité dans l’exposé des priorités fait par le ministre des Finances, alors que c’est un secteur essentiel et les députés n’ont de cesse de soulever les problèmes et insuffisances sécuritaires. La part de budget alloué au développement rural est, par ailleurs, trop faible ».
À entendre certaines réactions d’hier, les membres de la Chambre basse ont été plus attentifs à l’exposé oral du Grand argentier de l’État et n’ont, vraisemblablement, pas encore décortiqué le volumineux projet de loi entre leurs mains, ou encore, la synthèse remise par le ministère. Dans son allocution, le ministre Rakotoarimanana a, effectivement, omis d’énoncer la partie sur la sécurité et le chiffre de 2% du budget destiné au développement rural, ou encore, les 4% alloués à l’investissement, ce qui a fait grincer des dents. D’autant qu’il a été dit que les dépenses prioritaires s’élèvent à 17% du budget de l’État.
Obligatoire
Le document remis à la presse indique, toutefois, que la sécurité figure bien parmi les axes prioritaires du budget 2017 et que si le pourcentage des prévisions pour la plupart des secteurs est assez faible par rapport au total des dépenses prévues pour l’année qui vient, des augmentations conséquentes, pour certains, sont constatées dans presque tous les secteurs cités. Il aurait fallu que les éléments d’explications écrites fournies aux élus aient été plus précis.
Pour le secteur sécurité, le budget 2017 connaît une augmentation de 8% par rapport à la loi de finances rectificative (LFR), 2016, avec 518 milliards d’ariary en tout. Le développement rural voit son budget majoré de 10%, avec une prévision de 629 milliards d’ariary. L’éducation et l’infrastructure sont les mieux lotis avec une augmentation de 17% pour le première, à savoir 1 109 milliards d’ariary qui devraient lui être destinés en 2017, et 18% de plus par rapport LFR pour le second, soit 1 161 milliards d’ariary.
Avec la limitation et la réduction progressive des subventions allouées à la Jirama, selon le programme de référence pour le Fonds élargi de crédit avec le Fonds monétaire international (FMI), les prévisions de dépenses prioritaires connaissent une légère baisse pour l’année 2017, 715 milliards d’ariary contre 728 milliards dans la LFR. Outre l’aide à la Jirama, la compensation destinée aux transporteurs et le paiement des arriérés de l’État glanent le gros de ses dépenses dites, également, « obligatoires ».
Outre les prévisions de dépenses, l’exposé du Grand argentier de l’État fait état de quatre principaux objectifs du projet de loi de finances qui sont : « La croissance économique inclusive et durable, la maitrise de l’inflation pour préserver et améliorer le pouvoir d’achat, l’équilibre budgétaire, et la stabilité de l’ariary ». Une prévision de croissance de 4,5%, avec une estimation du taux d’inflation à 7,1%, ainsi qu’un taux de pression fiscal de 11%, ont, également, été dits.
« Ce projet de loi présente une répartition du budget, suivant les lignes du Plan national de développement (PND), ainsi que le programme de Madagascar avec le FMI », rapporte le communiqué remis à la presse. Insatisfaits, les députés annoncent déjà que les débats seront âpres en travaux de commission. En coulisse, d’autant plus, que certains élus n’en démordent pas et insistent sur le caractère « obligatoire », de l’achat de voitures 4×4.
Garry Fabrice Ranaivoson