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Projet loi de finances 2017 – L’achat des 4×4 parmi les amendements

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Les élus ne lâchent pas l’affaire et inscrivent l’achat de 4×4 parmi les amendements au projet de loi de finances. Une amputation du budget du ministère des Finances est proposée pour couvrir les dépenses.

Chose promise, chose due   À l’issue de la séance d’information sur le projet loi de finances, le 17 novembre, certains députés ont « promis », d’inscrire parmi les amendements à la prévision budgétaire de l’année 2017, une ligne pour l’achat de « leurs », 4×4. Une promesse tenue donc.
Les travaux de commission sur le texte ont pris fin, hier. Dans son ordre du jour, l’Assemblée nationale se donne deux séances plénières pour son adoption. Les débats démarreront, ce jour. Au menu, selon les informations communiquées par le député Constance Raza­fimily, président de la commission finances, à la Cham­bre basse, figure, entre autres, un amendement qui prévoit une ligne budgétaire pour l’achat de véhicules tout terrain aux élus.
Une initiative fortement impopulaire étant donné la situation économique du pays et « indécente », aux yeux d’une bonne partie de l’opinion publique, vue l’extrême pauvreté dans laquelle s’embourbe la majorité de la population. « Avec ses moyens actuels, l’État ne peut pas se permettre d’acheter des véhicules 4×4 aux députés », martèle, justement, François Marie Gervais Rakotoari­manana, ministre des Finances et du budget, pour repousser leurs incessantes revendications.
L’octroi « systématique », de 4×4 aux députés à été initié par feu Francisque Ravony, ancien Premier ministre de la IIIe République, « pour échapper », à une motion censure. Une pratique adoptée par les régimes qui s’en sont suivis, désormais considérée comme « droit acquis », par les élus.

Equité
Pour esquiver les frondes de l’opinion nationale, mais, aussi, internationale qui voit d’un mauvais œil ce que certains considèrent comme « un caprice », les membres de l’Assemblée nationale tablent sur la « nécessité », sociale, voire humanitaire de ces véhicules.
« Dans nos circonscriptions les 4×4 des députés servent d’ambulance, ou encore, à transporter les forces de l’ordre lors de la poursuite des « dahalo » », est l’argument martelé à Tsimbazaza. De prime abord, force est de reconnaître que l’enclavement de plusieurs districts et la surface financière de certains élus pourraient justifier une mise à disposition de véhicule tout terrain.
Plusieurs d’entre ceux qui n’en démordent pas sur cette revendication sont, pourtant, des pleins aux as, avec un parc de voitures de luxe à en faire envier plus d’un. Quoique peu se hasarderaient, effectivement, à érafler un 4×4 de luxe à plusieurs centaines de millions d’aria­ry sur des routes cahoteuses. Aucun, jusqu’ici, ne semble songer à en troquer un contre un robuste franchisseur. La plupart des membres de l’Assemblée nationale, par ailleurs, résident dans la capitale et ne font que des tournées ponctuelles dans leur circonscription.
L’argument social et humanitaire, du reste, pourrait ne pas tenir la route, étant donné que bon nombre de députés revendiquent, aussi, des exonérations fiscales pour les dons, prétextant trouver des partenaires étrangers prêts à faire don d’ambulance ou autre véhicule d’urgence. Lors d’un entretien téléphonique, hier, le député Raza­fimily a, par ailleurs, déclaré : « Pourquoi des personnalités désignées au sein des administrations ont-elles droit à des véhicules de luxe, des 4×4 et des élus non   ».
Étant donné le train de vie apparent de plusieurs responsables au sein des institutions et des départements gouvernementaux, l’« équité », voulu par l’élu de Vangaindrano pourrait tenir la route au détriment de la défense du Grand argentier de l’État. Afin de respecter le prescrit constitutionnel, justement, les députés ont décidé d’affecter une partie du budget du ministère des Finances à l’achat de leurs 4×4.
En l’état actuel des choses, l’Exécutif pourrait s’en remettre au Sénat pour contrecarrer l’exigence de l’Assem­blée nationale. Un véto de la Chambre haute risque, toutefois, d’entraîner un blocage, étant donné que les députés ont déjà brandi la menace d’un « boycott », du projet de loi de finances si l’argent pour l’achat des 4×4 n’y est pas acté.

Garry Fabrice Ranaivoson


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