Le chef de l’État et de nombreux ministres sont à Paris pour mobiliser les partenaires techniques et financiers ainsi que les investisseurs privés autour de son programme de développement.
Pendant deux jours, les 1er et 2 décembre, Paris sera la capitale de Madagascar.
Sous la houlette du président de la République, une dizaine de ministres, de nombreux directeurs et directeurs généraux, des représentants du secteur privé, des diplomates et autres responsables des missions de partenariat technique et financier en poste sur la Grande île sont en mission dans la capitale française pour tenter de convaincre bailleurs de fonds et investisseurs privés de soutenir financièrement Madagascar à travers des dons, des prêts ou même des capitaux. L’objectif est de mobiliser les ressources extérieures afin de combler le gap de financement dont le pays a besoin pour financer son programme.
Selon le Premier ministre Olivier Mahafaly, ce gap se chiffre actuellement à environ 3 milliards de dollars, Madagascar ayant déjà pu obtenir 2 milliards de dollars sur les 5 milliards de dollars dont il a besoin pour financer les projets les plus urgents.
Madagascar est arrivé à un point où la lutte contre la pauvreté doit avancer, avec des retombées concrètes sur la population, explique Patrick Imam, représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) à Madagascar. La capacité intérieure ne permettant pas d’y arriver, le responsable du FMI soulève que mobiliser l’extérieur, à ce stade du développement, est plus que primordial pour le pays et relève plus d’une obligation que d’un choix. Pour cela, les autorités, estime-t-il, doivent convaincre que leur programme est crédible et qu’elles sont, en même temps, capables de mettre en œuvre les différentes réformes identifiées et annoncées.
Projets à trier
Les choses ne s’annoncent pourtant pas faciles. Si les dirigeants ont déjà montré leur volonté et leur capacité à faire des efforts, et aboutir ainsi à des résultats concrets, comme en témoigne la conclusion du programme de Facilité élargie de crédit (FEC) avec le FMI, il faut inscrire ces efforts dans la durée et les faire évoluer à un niveau supérieur de manière à ce qu’ils soient plus porteurs d’impacts sur la population, poursuit Patrick Imam. Il s’agira, notamment, de mettre en place un environnement sain et stable pour les affaires ainsi que d’instaurer la bonne gouvernance et réduire la corruption.
Outre la nécessité de se conformer aux programmes de réformes annoncés, la Grande île doit également montrer qu’elle peut avoir la capacité d’absorption nécessaire pour bien utiliser les financements qu’elle recevra. Pour l’instant, à en croire Olivier Mahafaly, celle-ci est limitée à 500 millions de dollars par an, alors que pour 2017, l’objectif est de mobiliser jusqu’à 900 millions de dollars pour financer les programmes d’investissement public (PIP) inscrits dans la loi de finances de 2017.
Pour atteindre son objectif de faire décaisser au maximum les promesses faites et à venir, le gouvernement a déjà revu ses ambitions à la baisse. Au lieu de présenter plus de 130 projets qui auraient nécessité 20 milliards de dollars, il envisage de ne soumettre qu’une cinquantaine de projets immédiatement réalisables, ne devant plus faire l’objet d’études de faisabilité et ayant des impacts directs sur le quotidien de la population. Le choix sera pourtant difficile.
Lova Rabary Rakotondravony