L’année 2017 démarre sous de mauvais auspices. Face aux multiples difficultés, l’État impuissant semble s’en remettre à la grâce du ciel.
L’heure est grave. La sècheresse est en passe d’asphyxier plusieurs régions des Hautes Terres de Madagascar, dont Antananarivo et ses environs. La semaine dernière, c’était un tremblement de terre qui a fortement secoué les esprits des habitants des zones touchées. Heureusement que la force du séisme n’a occasionné que des dégâts matériels minimes.
Au point où le pays en est, même les plus cartésiens pourraient être tentés de concéder que la nouvelle année démarre, résolument, sous de très mauvais augures. Face à cette conjoncture, particulièrement dure, l’État semble se résigner à s’en remettre à un torrent de faveur divine. Et les différentes confessions religieuses ont tenu, ou en ont appelé à prier pour demander au Tout-Puissant qu’il accorde de meilleurs jours à la Grande île.
La sécheresse qui sévit depuis plusieurs jours, pourrait finir d’achever l’approvisionnement énergétique de la Jirama, déjà moribonde. La plupart des cours d’eau et des lacs qui approvisionnent la capitale étant presque à sec, la société d’État a annoncé, hier, l’arrêt du ravitaillement d’eau des foyers à moins d’une bonne pluviométrie. L’aridité du sol risque d’avoir d’irréversibles conséquences sur les récoltes et d’amener une augmentation des prix, voire une forte insuffisance alimentaire chez les plus vulnérables.
Invasion de crapauds venimeux dans certaines localités, sauterelles dans d’autres, inondation il y a quelques mois, de fortes grêles, voici quelques semaines dans la région Vakinankaratra et maintenant sécheresse, certaines mauvaises langues ironisent que les plaies d’Égypte frappent Madagascar.
Faiblesse
Le principe de la laïcité de l’État n’étant juste qu’une garantie de « la neutralité » de l’Administration à l’égard des différentes religions et n’interdisant pas aux responsables étatiques d’être croyants, s’en remettre à la prière n’est pas une faute, surtout qu’ici il s’agit de faire face à des aléas naturels. Néanmoins, cela pourrait être un aveu de faiblesse. Au-delà des superstitions, il est indéniable que les tenants du pouvoir n’ont pas anticipé pareille situation. Ceci bien que le changement climatique et ses méfaits soient, fréquemment, martelés.
Comme la solution d’urgence idoine qui consiste en un déclenchement d’une pluie artificielle dépend, elle aussi, des bonnes grâces de la Nature, prier semble être le dernier recours pour calmer les humeurs de celle-ci. Mais à entendre le discours de Hery Rajaonarimampianina, président de la République, durant le culte de la confession protestante FJKM, dimanche au Coliseum à Antsonjombe, il semble également s’en remettre « à la foi chrétienne » de ses administrés pour lutter contre des maux comme la corruption ou encore l’insécurité.
« Nous devons combattre la corruption, la violence et l’insécurité qui sévissent dans notre pays. Nous, chrétiens, devons être les premiers dans cette lutte », a-t-il déclaré devant les fidèles FJKM présents à Antsonjombe. Certes, les religieux avancent que vivre sa chrétienté au quotidien, ou encore, dans la conduite des affaires nationales, sauvera le pays, mais les plaies qui gangrènent la nation énoncées par le chef de l’État, peuvent être soignées par les lois humaines.
Pour gagner la guerre contre la corruption, ou encore, l’insécurité, invoquer une aide divine ne devrait pas être nécessaire. Seulement, à l’instar de son « intarissable indulgence », à l’égard de certains de ses proches et collaborateurs, le président Rajaonarimampianina hésite à impulser une application intransigeante et impersonnelle du droit.
Garry Fabrice Ranaivoson