Des constructions et des cultures illicites occupent les berges du canal d’irrigation du périmètre de la Mahavavy. Cette infrastructure risque d’être abimée, voire polluée.
Après avoir effectué un contrôle des berges du canal d’irrigation du périmètre hydro-agricole de la Mahavavy, les usagers de l’eau, regroupés au sein d’une structure commune, ont alerté les autorités compétentes concernant des occupations illicites visibles le long dudit canal.
Ils se sont adressés à la compagnie Bas-Rhône Languedoc-Madagascar
(BRL-Madagascar) à qui l’Union européenne a confié l’assistance technique du projet. À son tour, la représentation de l’UE a saisi leur demande tout en organisant, dernièrement, une réunion à l’hôtel Diana d’Ambilobe, avec la participation de toutes les parties concernées, afin de résoudre les problèmes.
Lors de cette réunion, les techniciens de l’association des usagers de l’eau ont présenté le constat effectué pendant la descente du chef de la circonscription de l’agriculture à Ambilobe, du vice-président de ladite association et du représentant du BRL-Madagascar.
D’après la liste établie, certaines personnes commencent à squatter les abords du canal. Citons l’existence des divers matériaux de construction près du régulateur 1, situé à 100 m du pont. Des moellons, des briques, et du sable y sont amassés en vue de la construction éventuelle d’un bâtiment, apparemment sans l’accord préalable des autorités.
Autour de pont appelé Soubaly, la culture de maïs et d’autres plantes vivrières occupe le bord du canal. Le même endroit est actuellement devenu un dépotoir, ce qui favorise le déversement des ordures et des saletés dans le canal. À côté du pont Laidama, se trouvent deux maisons en dur. L’une, sur la rive gauche du canal, est en phase de finition tandis que l’autre, une habitation à étage, est déjà terminée et clôturée en béton.
En outre, le bord du canal vers le bas du quartier Sengaloka est devenu des jardins potagers. Sans parler de la présence des zébus qui pâturent partout.
Des arrêtés à prendre
Dans tous les cas, tous ces constats constituent une véritable menace pour la maintenance et la protection du canal. Cette infrastructure alimente en eau les 73 000 habitants des cinq communes d’intervention du projet, lesquels ont été privés de l’eau nécessaire pour leur exploitation pendant trente ans.
De fait, l’existence des constructions illicites ne facilitera pas le travail des engins qui effectuent le curage périodique du canal. Les problèmes d’érosion et de dégradation des berges seront inévitables, et on ne peut pas à la fois retenir les sédiments aux champs et protéger les zones sensibles.
Face à cette situation, des mesures provisoires ont été prises par l’assistance, en l’absence des textes réglementaires sur l’emprise du canal. Ces mesures s’ajoutent aux pratiques culturales plus respectueuses de l’environnement qui peuvent être mises en place dans le périmètre.
La commune urbaine d’Ambilobe a été sollicitée pour publier un arrêté de suspension de tous travaux de construction aux alentours du canal. Une requête sera aussi adressée à la région Diana pour qu’elle puisse établir une proposition de décret auprès du ministère auprès de la Présidence en charge de l’Agriculture et de l’élevage. Et la démolition des infrastructures illégales sera, en fait, envisagée pour punir les hors-la loi.
« Nous avons besoin de textes réglementaires exceptionnels pour ce canal d’irrigation hydro-agricole, car il est différent des autres », a souligné le chef de région Eddie Tongazara, tout en imposant des mesures sévères appliquées aux gens malintentionnés.
Pour l’instant, on ne connait pas qui a délivré les autorisations de construire, sources de tous les problèmes.
Des résultats agricoles encourageants
Selon les informations recueillies, l’achèvement des travaux de réhabilitation des infrastructures hydro-agricoles a porté ses fruits. La production de sucre est passée de 57 208 tonnes à 62 704 tonnes en 2015-2016. Les planteurs indépendants ont livré 178 716 tonnes de canne à l’usine sucrière d’Ambilobe.
Côté riziculture, grâce à une meilleure irrigation, Ambilobe renoue avec une campagne rizicole de contre-saison sur 2 627 ha dans la partie amont du périmètre de Mahavavy, au début des travaux en mars 2014. Deux années plus tard, à la fin de chantier, en avril 2016, ce système s’étale sur une superficie de 5 647 ha. Il ne cesse de prendre de l’ampleur au fur et à mesure de l’ouverture des canaux tertiaires réhabilités par les bénéficiaires, en aval.
Raheriniaina