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7 février – Une calme journée de souvenir

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La commémoration  du 7 février 2009 s’est déroulée dans la tranquillité. Les MAPAR ont été les seuls à animer la quiétude de la place d’Ambohitsorohitra.

Le calme plat. Rien de significatif n’a, en effet, marqué la journée du 7 février, hier. La commémoration de la tuerie du 7 février 2009 a été paisible. Un fait singulier qui mérite d’être signalé.
Contrairement aux commémorations des sept précédentes années, durant lesquelles les hostilités politiques, les discours et attitudes qui vont avec, ont occulté les actes de mémoire, celle d’hier, s’est résumée en dépôts de gerbes de fleurs. L’heure n’est, visiblement, plus aux grandes messes œcuméniques sur la place d’Ambohitsorohitra, au gymnase de Mahamasina, ou encore, au Palais des sports, durant lesquels les témoignages des rescapés des balles, ou la famille des défunts étaient mis en avant pour en faire des « martyrs », de la révolution Orange et s’en servir pour invectiver les tenants du pouvoir défaits, en 2009.
Finies, également, les années où les forces de l’ordre avaient dû mettre en place un rideau de sécurité afin d’éviter un « affrontement » entre les fidèles d’Andry Rajoelina et la faction de l’Association des victimes du 7 février 2009 (AV7), qui ont rejoint les rangs des soutiens au pouvoir actuel. Les éléments de l’État-major mixte opérationnel (EMMO), justement, n’ont fait que marquer leur présence en quadrillant la place d’Ambo­hitsorohitra, en prévision d’éventuels débordements.
Tous ceux qui revendiquent d’avoir un devoir de mémoire envers les victimes de l’événement tragique qui a été l’un des tournants du mouvement qui avait renversé Marc Ravalo­manana, ancien Président, étaient présents, hier, à Ambohitsorohitra, chacun à son tour. L’aile de l’AV7 conduit par son président Bona Jean Pierre Rafara­mandimby, qui a choisi de soutenir l’administration Rajaonarimampianina, a été la première à s’être présentée devant la stèle avec ses gerbes de fleurs.

Politique
L’acte de mémoire de l’AV7, vers 8h30, a été expéditif, car l’association a prévu un reboisement, à Ambohi­dratrimo, tout de suite après. Suivent les représentants du pouvoir et du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), conduit par Rivo Rakotovao, ministre auprès de la Présidence chargé de l’Agriculture et de l’élevage. Bien que la journée d’hier ait été paisible, cela n’a rien enlevé en la saveur politique de l’événement. Pour le numéro 3 du gouvernement, la présence du pouvoir à Ambohitsorohitra, traduit la volonté d’honorer la mémoire des victimes. Elle veut aussi affirmer que « les différences d’idées politiques ne doivent plus se solder par des faits sanglants ».
Monja Roindefo, ancien Premier ministre de la Transition, nommé sur « la Place du Treize-Mai » durant les manifestations de 2009, et son parti, le Monima, ont emboité le pas aux Bleus. L’ancien locataire de Mahazo­arivo a déploré devant la presse que les valeurs et objectifs de « la lutte de 2009 » se sont perdus en route.
En milieu de matinée, c’était au tour du groupe des partisans d’Andry Rajoelina (MAPAR), d’investir la place d’Ambohitsorohitra, pour déposer leurs gerbes de fleurs, sans la présence de l’ancien président de la Transition. La vague orange, vêtue de blanc, avec des fleurs blanches à la main, a avancé vers la stèle sous la cadence du cantique protestant «Iny lalana iny». Un air chanté en boucle durant les manifestations pour évincer du pouvoir le fondateur de l’empire Tiko. Christine Razanamahasoa, coordonnatrice nationale du MAPAR, face aux journalistes, a abordé la question de la responsabilité des faits.
« Une décision de justice a déjà été rendue à ce sujet, maintenant il s’agit de l’appliquer », a-t-elle lancée.
Le parti Masters d’Alain Ramaroson, ancien conseiller supérieur de la Transition, actuellement en détention préventive à Antanimora, pour cause de litige familial, a mis fin à la valse des dépôts de gerbes. Journée sanglante de la révolution Orange, le 7 février 2009 a fait plusieurs dizaines de morts et de blessés.
Depuis, les plus irréductibles ont été apprivoisés par le pouvoir.

Garry Fabrice Ranaivoson


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