Quatorze personnes auraient été fusillées par des militaires déployés dans la Fahalemana dans les districts de Manja et de Sakaraha. Une menace de rébellion mêlée de conflits de corps, est signalée.
Des abus et des exactions qui auraient été perpêtrés par les éléments des forces armées, déployés dans le cadre de l’opération « Fahalemana », ébranle l’opinion publique dans le district de Manja et de Sakaraha. Les informations communiquées par les autorités locales ainsi que par les frères d’armes des militaires cloués au pilori révèlent que quatorze personnes ont été fusillées dimanche et lundi.
L’heure est grave dans le district de Manja d’après des sources auprès des habitants et des autorités sur place, et il y aurait même lieu de dire qu’un risque sérieux de rébellion plane.
La population s’insurge contre cette opération militaire, lancée dans onze régions pour contrecarrer les sévices des dahalo dans les zones rouges, après qu’une vague de violence clouant au pilori des éléments des forces armées, s’est abattue avant-hier sur la commune rurale d’Ankiliabo, dans le district de Manja.
Selon les informations recueillies sur les lieux, une quarantaine de militaires de l’opération « Fahalemana », issus du 1/RM5 à Toliara et du 3/RM5 à Morondava, ont débarqué avec deux camions ainsi qu’un véhicule tout-terrain sur la place du marché à Ankiliabo dans la matinée d’avant-hier.
Mésentente
Selon des témoignages, relayés de recoupements auprès de la gendarmerie, le peloton armé aurait rassemblé une quinzaine de personnes, membres du « Kalony » (NDLR : comité d’autodéfense villageois). Roués de coups, deux de ces derniers sont sur leur lit d’hôpital.
En revanche, treize autres ont été traînés à un kilomètre en dehors du chef lieu de commune. Ces derniers auraient été fusillés selon les informations parvenues. Un mort et un blessé, frappé de projectiles dans le ventre sont d’ailleurs répertoriés. Le dernier a été évacué sur Toliara. Le sort des onze autres Kalony qui étaient à leurs côtés serait par ailleurs incertain.
Après que cette onde de choc ait provoqué un séisme à Ankiliabo, un rapport est parvenu au chef du district de Manja. Aux dernières nouvelles, le commandant de la compagnie territoriale de la gendarmerie à Manja a, quant à lui, ordonné que le quartier général des militaires incriminés soit démonté.
À Sakaraha, les militaires de l’opération « Fahalemana » sont, pour leur part, accusés de violations de domicile et d’exécutions sommaires.
Des informations filtrées par les forces armées révèlent que des éléments conduits pas un officier-supérieur ont procédé à l’arrestation de deux suspects à Sakaraha dans la matinée de lundi, aux alentours de 9 heures. Montrés du doigt comme étant les pourvoyeurs d’armes des dahalo qui écument les points névralgiques d’Ankazoabo-Sud, les deux individus auraient balancé l’un de leurs acolytes dans un interrogatoire serré. Les trois présumés trafiquants d’armes ont été retenus dans le camp de la 512e compagnie de Sakaraha selon des informations confirmées à demi-mot par une source auprès de la gendarmerie. Elle signale que l’un des incriminés a été ensuite fusillé.
Ces agissements créent une atmosphère de guerre froide entre les militaires et la gendarmerie à Sakaraha.
Des bribes d’informations recueillies en coulisse révèlent que le commandant de la Compagnie de Sécurité Intérieure (CSI) de la gendarmerie à Sakaraha a eu une conversation sérieuse avec l’officier-supérieur à la tête du peloton de militaires, mais ce dernier lui aurait signifié que c’est l’armée qui pilote l’opération et non la gendarmerie. Le commandant de la CSI se serait néanmoins montré intransigeant dans le respect des procédures lors des arrestations. Un véhicule des trois suspects arrêtés est, par ailleurs, tombé entre les mains des militaires de l’opération. Interrogé sur ces faits accablants, le général de corps d’armée Beni Xavier, Rasolofonirina, chef de l’État Major de l’armée malgache n’a pas daigné apporter d’explications.