Quantcast
Channel: L'Express de Madagascar
Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398

Vengeance policière – Des villages incendiés à Befandriana-Nord

$
0
0

Une quarantaine de policiers armés ont débarqué hier dans une commune où deux de leurs frères d’armes ont été tués. Une vingtaine de personnes arrêtées, dont le maire.

Chaos et désolation. Dépêchés à Befandriana-Nord, après l’acte de vindicte populaire qui s’est soldé par la mort d’un brigadier et d’un agent de police, dans la commune rurale d’Antsakabary, samedi, une quarantaine de policiers armés en provenance de Mahajanga et d’Antsohihy ont mis à feu et à sang, plusieurs localités, hier après-midi. Deux morts sont signalés. Brûlé, le village d’Ambalamanga où les deux policiers ont été lapidés et poignardés à mort, a été rasé sous les flammes. Dans d’autres villages, dont Antavenina où les défunts sont soupçonnés d’avoir fait des rackets, des maisons incendiées ont laissé place à des ruines fumantes, après le passage du peloton policier. Ambalamanga était déserté par ses habitants, lorsque cette force répressive s’y était abattue.
En revanche, une poignée de personnes désemparées, ont, tant bien que mal, campé dans les autres villages, bien qu’un vent de terreur soufflait, lorsque le peloton a fait une percée dans la commune, après une longue marche. Des témoignages révèlent des saisies de téléphones portables, pour empêcher toute communication. Les deux villageois ayant trouvé la mort auraient été, pour leur part, abattus pendant la progression policière vers Antavenina, situé à 10 kilomètres du chef- lieu de commune à Antsakabary. Dénoncée par des élus ainsi que par certains habitants des villages ayant été dévastés par l’embrasement, cette succession de troublants événements survenus hier, est confirmée par plusieurs sources auprès de la gendarmerie nationale.
Des gendarmes de la compagnie territoriale de Mandritsara, déployés à Antsakabary, pour renforcer l’effectif de la brigade depuis que le double meurtre de policiers a été commis, ont, quant à eux, une position nuancée. «Une vingtaine de personnes ont été arrêtées et près d’une centaine de foyers incendiés, selon les chiffres provisoires. Des coups de feu ont certes résonné aux abords d’Antavenina, lorsque la police a débarqué. En revanche, nous n’avons pas encore pu établir s’il y a eu vraiment mort d’homme. Faute d’effectif suffisant et au vu de la vive tension qui a saisi les environs, il était risqué d’y envoyer  des éléments  pour faire le constat», lance un gendarme sur place.

Aberration
Joint au téléphone, le contrôleur général de police, Norbert Anandra, ministre de la sécurité publique a mis en avant que les faits relatés ne tiennent pas débout. « Le rapport qui m’est parvenu signale l’existence d’un pyromane, peut être un déséquilibré mental. Il note que les policiers venus sur place étaient déjà partis, lorsque ces incendies se sont déclarés. Une dizaine de suspects ont été arrêtés et aucun mort n’est mentionné », défend le ministre.
Dans la soirée d’hier, le chef-lieu de commune a plongé dans une frêle accalmie. L’existence d’individus prêts à en découdre, mais qui après ce retour de manivelle, font profil bas, préoccupe. À la lumière des informations communiquées, une colère populaire attisée par l’interpellation de la veille du maire d’Antsakabary, de son adjoint et de six de leurs compagnons, alors qu’ils étaient en route, pour acheminer jusqu’au chef-lieu de district, les dépouilles mortelles des deux policiers, est en train de couver.
Arrivés au pont Sofia, frontière naturelle entre le district de Maroantsera et celui de Befandriana-Nord, après avoir parcouru à pied 70 kilomètres pendant plus d’une journée, l’élu et ses compagnons ont été aussitôt ramenés à Antsakabary, lorsqu’ils ont croisé les policiers mobilisés dans cette affaire. L’agent et le brigadier de police laminés sous la colère du fokonolona exécutaient une décision judiciaire.

Seth Andriamarohasina


Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398