Une délégation de la CNIDH se rendra dans la commune d’Antsakabary. Le pouvoir Exécutif annonce également l’envoi d’enquêteurs mixtes.
Branle-bas de combat. Après un atermoiement de quelques jours, des descentes à Befandriana-Nord, plus précisément dans la commune rurale d’Antsakabary sont annoncées. L’objectif affirmé est de faire la lumière sur les tenants et aboutissants de ce dossier où l’État de droit et les droits humains, ainsi que l’image de la police nationale ont sensiblement été altérés.
Lors d’une conversation téléphonique hier, le ministre Narson Rafidimanana, assurant l’intérim du Premier ministre, a annoncé la décision du pouvoir Exécutif d’envoyer des « enquêteurs mixtes » dans la commune rurale d’Antsakabary. Composée de gendarmes, mais aussi de policiers, cette équipe d’enquêteurs, sauf changement, a quitté Antananarivo hier, et devrait débarquer dans le district de Befandriana-Nord ce jour.
« Cette décision a été prise durant une réunion avec le président Hery Rajaonarimampianina. C’est une manière d’affirmer que l’État ne ferme pas les yeux, ni ne reste stoïque sur cette affaire. L’on attend de prompts résultats des investigations faites par ces enquêteurs », a déclaré le ministre auprès de la présidence chargé de l’Aménagement du territoire. Le numéro 2 du gouvernement a également annoncé l’envoi de vivres, de dix unités de tentes de 30 mètres, ainsi que de fournitures et kits scolaires pour aider les sinistrés des villages incendiés.
L’enquête mixte dépêchée par l’Exécutif devrait permettre d’identifier le niveau de responsabilité des acteurs des fâcheux évènements d’Antsakabary. Lors d’une conférence de presse, hier à son siège aux 67ha, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH) a également annoncé la descente de ses membres à Antsakabary cette semaine. Étant donné la portée et les enjeux de l’affaire dans le district de Befandriana-Nord, l’entité chargée de la défense des droits de l’Homme a activé son droit d’autosaisine.
De visu
« Nous ne pouvons pas nous limiter aux informations qui fusent de toutes parts, ni prendre partie pour qui que ce soit. Aussi, avons-nous décidé que certains de nos membres se rendront sur place afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé », a déclaré Mireille Rabenoro, présidente de la Commission des droits de l’Homme. La CNIDH compte publier les résultats de cette descente sur terrain, par le biais d’une conférence de presse.
« Cette mission entre dans le cadre de notre mandat. Il s’agit aussi de faire valoir le droit à l’information », explique Seth Andriamarohasina, rapporteur de la CNIDH. Étant donné sa vocation, les membres de la Commission qui se rendront à Antsakabary s’atteleront surtout à constater les actes d’atteintes aux droits humains, les éventuels abus et exactions dans cette affaire. « Nous allons aussi trouver les voies de conciliation des parties et la réparation des dommages. Une interpellation pour faire cesser les actes de violation des droits de l’Homme », ajoute-t-il.
Les faits d’Antsakabary découlent d’un vol de canard qui s’est soldé par une vindicte populaire contre deux policiers, accusés par les habitants de « racket ». En réaction, une quarantaine d’éléments des Forces d’intervention de la police nationale (FIP) ont été dépêchés sur les lieux pour « appréhender les coupables » du lynchage. Une mission qui, à en croire les informations, se serait terminée en « expédition punitive », ayant conduit à l’incendie de cinq villages.
Garry Fabrice Ranaivoson