Un colloque sur l’insurrection de 1947 se tiendra du 30 au 31 mars à l’Académie malgache. Pour que le passé amène à une prise de conscience.
Multidisciplinaire. Tel est l’approche choisie par l’académie malgache pour atteindre les objectifs du colloque qu’il organise les 30 et 31 mars, à son siège, à Tsimbazaza. Des séances de réflexion scientifique, durant deux jours, pour marquer la 70e anniversaire de l’insurrection de 1947.
« 1947 – 2017 : 70e anniversaire. Pour l’État malgache : libre, indépendant et national », tel est le thème central du colloque, qui aura cinq sous-thèmes, afin « que le flambeau se transmette, que le passé ne tombe pas dans l’oubli ». Le fil ades réflexions, justement, était l’essence
de la proposition de loi d’indépendance faite par les députés Joseph Raseta et Ravoahangy Andrianavalona, devant le Parlement français, en 1946.
Une initiative de loi qui, selon des chercheurs malgaches, ont été le point de départ des opérations de sape, des répressions, ainsi que, des propagandes exacerbant les divergences ethniques afin de diviser « la nation » malgache, menées par la France colonisatrice. L’organisation de ce colloque a été annoncée lors d’une conférence de presse, hier. « L’objectif est d’éclairer sur ce qui s’est réellement passé, sur les réelles motivations et d’amener à une prise de conscience afin d’utiliser les éléments du passé pour débloquer la situation présente et sauver Madagascar », a déclaré le professeur Raymond Ranjeva.
L’histoire n’est pas juste un point figé, mais est en constante évolution, a soutenu le professeur Lucile Rabearimanana. Les deux jours de réflexion devraient, alors, permettre de répondre à des questionnements sur les répercussions des événements de 1947 et sa genèse sur le présent de la Grande île.
Issues
Il ne s’agira donc, pas de débattre sur les faits du 29 mars 1947, mais sur les raisons qui ont amené à ce soulèvement de la « nation », malgache et des conséquences de son « échec », de l’annihilation de ses buts sur le pays durant les années qui s’ensuivirent. Il s’agira de trouver des issues aux problèmes actuels et de défaire les résistances tant intérieures qu’extérieures.
Ceci explique l’approche multidisciplinaire choisie. En matière de droit constitutionnel, par exemple, le professeur Ranjeva a soutenu que « nous nous accrochons aux paradigmes français ». Ce qui nuit à notre réel indépendance. L’ancien vice-président de la Cour internationale de justice (CIJ), a lancé une question qui pourrait avoir des réponses durant le colloque, en fin du mois : « Comment revenir à une manière de pensée malgache dans les relations entre les pouvoirs et l’alternance au pouvoir ».
La pensée et les valeurs malgaches que les députés d’alors ont insufflé à leur proposition de loi de 1946, selon les explications. Ce texte voulait, selon les explications affirmées, que bien avant d’être colonisée, Madagascar était déjà « une nation, une nation unique et libre », qui s’est constituée en État reconnu internationalement. Une nation qui, une fois son indépendance reconquise donc, devait devenir « une République ».
Afin d’éclairer sur le thème et d’essayer de trouver des réponses et solutions aux blocages actuels, les cinq thématiques spécifiques du colloque seront « Statut juridique et constitutionnel de l’État libre », « l’État libre et géo-politique », « État libre, indépendant et national et les intellectuels malgaches », « État national malgache et les ressources de Madagascar », et « Résistances et réactions à la proposition d’État national ».
Garry Fabrice Ranaivoson