Le SMM veut apporter sa contribution à la lutte contre la corruption dans ses rangs. Il compte, ainsi, identifier les magistrats corrompus et les mettre face aux entités compétentes.
Nettoyage. Le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), veut prendre une part active dans la lutte contre la corruption au sein du corps de la magistrature. De ce fait, il procèdera à « l’identification », des magistrats corrompus.
« Effectivement, la corruption existe au niveau de la magistrature. Cela ne concerne, pourtant, que quelques individus et non pas l’ensemble du corps. Aussi, dans le cadre de la lutte contre la corruption, allons-nous procéder à l’identification de ces magistrats corrompus », a déclaré Fanirisoa Ernaivo, présidente du SMM, hier, en marge de l’assemblée extraordinaire de cette organisation syndicale, à l’espace Salohy, Iavoloha.
Outre les revendications syndicales classiques comme les questions d’indemnités, la participation à la concrétisation de l’État de droit, à la lutte contre les interventions et tentatives d’influence au sein de la Justice, mais surtout, à la lutte contre la corruption, figure parmi les ambitions affirmées durant la réunion impromptue des magistrats, hier. À propos de la guerre contre la corruption, la présidente du syndicat a ajouté que « les corrompus identifiés seront soumis aux instances judiciaires compétentes ».
Dans le contexte de défiance envers l’autorité de l’État qui se manifeste, notamment, par la prolifération des vindictes populaires, l’absence de confiance des citoyens envers la justice est l’une des raisons qui reviennent, fréquemment, sur les lèvres des observateurs et analystes. Un malaise profond, de prime abord, qui serait dû, entre autres, à l’existence de corrompus dans les rangs de la magistrature. Un fait que personne ne réfute, à commencer par ceux qui sont pointés du doigt.
Preuve
L’initiative du SMM d’identifier les brebis galeuses est aussi une histoire de casser avec l’image d’un corps corrompu. Fanirisoa Ernaivo a, en effet, souligné que « les cas de corruption ne concernent que certains individus et non pas le corps en entier ». Elle concède, néanmoins, que l’entreprise ne sera pas aisée, surtout, à cause de la nature particulière du délit. Un verdict dans une affaire de litige foncier où il y a eu plainte pour corruption, prononcé par le tribunal de première instance d’Antananarivo (TPI), l’année dernière, avait soutenu qu’il faudrait que l’acte de corruption soit matériellement prouvé.
« Si l’on s’en tient aux propos du juge, il faudrait alors démontrer qu’il y a eu remise et réception d’argent illicite, alors que, dans la plupart des cas, l’argent de la corruption ne passe pas par les banques. Il faudrait donc, surprendre les corrupteurs et corrompus la main dans le sac et avoir des images à l’appui devant le tribunal », avait déploré l’avocat de la défense, à l’époque.
En marge de l’Assemblée générale d’hier, la présidente du SMM a, cependant, répliqué que leur démarche ne sera pas juste d’identifier les corrompus mais, également, les corrupteurs. Placer dans le viseur la corruption ramène à la levée de bouclier contre l’interventionnisme dans les affaires en justice. Les tentatives d’influence du tribunal que font, aussi, les citoyens lambda et autres « en martelant, par exemple leur arguments par le biais de la presse », soutient Fanirisoa Ernaivo.
Pour plus de transparence de la part de la justice et démystifier cette entité mais, également, contribuer à la concrétisation de l’État de droit, le SMM affirme vouloir « approcher les justiciables et intensifier la vulgarisation des lois ». Les mots sont dits. Il ne reste plus donc, qu’à passer à l’acte.
Garry Fabrice Ranaivoson