Les locataires de l’ancien site d’hébergement à 67 Ha Sud se trouveront bientôt dans la rue. Un huissier de justice est descendu sur place pour exécuter leur expulsion.
Pris au dépourvu. Les habitants de l’ancien site d’hébergement à 67 Ha Sud sont priés de quitter leurs foyers au moment où ils s’attendaient le moins. Hier, vers le midi, un huissier de justice, accompagné des éléments des forces de l’ordre armés, sont venus exécuter la décision d’expulsion de la justice.
« On nous demande de partir sans préavis. Nous n’en étions pas informés », témoigne Florette Razafiarimanana, une des victimes de cette expulsion.
Ils sont deux centaines de familles à habiter les 70 toits de ce quartier, selon Gaëtan Andrianasolo, chef du fokontany à 67 Ha Sud. Aina Andriamandresinirina, habitant du quartier, souligne qu’il y a 95 toits et qu’ils sont plus de 1 600 à y loger. Ils y étaient placés, à la suite d’un cyclone qui a dévasté Madagascar en 1982. Depuis, ils n’ont plus quitté les lieux.
« Le verdict date de 2011. Le propriétaire du terrain veut avancer le dossier », indique Alain Rakotonirina, l’huissier de justice et commissaire priseur.
Foule en furie
La tension est montée pendant cette expulsion. Les concernés ont refusé d’abdiquer. « Cette affaire est en cours au tribunal. Nous avons fait appel. Il n’y a pas encore de suite à ce dossier donc ils devront attendre avant de faire quoi que ce soit », souligne Désiré Randrianarifidy, un occupant du terrain. L’un des éléments des forces de l’ordre a tiré en l’air, pour les disperser, mais ils n’ont pas bougé d’un doigt.
Le chef du fokontany a essayé de calmer cette foule en furie. « Je ne refuse pas d’appliquer la décision de la justice. Mais humainement parlant, on ne peut pas les expulser au dépourvu. Accordez leur du temps pour trouver un endroit où loger », insiste-t-il à l’huissier de justice.
L’huissier de justice a accepté de reporter à mardi, l’exécution de la décision. Il était difficile de trouver ce consensus. Jusqu’en fin d’après-midi, Alain Rakotonirina a insisté pour exécuter l’expulsion, dans la journée même. « S’il n’a pas pris cette décision, il aurait été lynché à mort », souligne Gaëtan Andrianasolo.
Le temps est compté pour les occupants de cet ancien site d’hébergement, qui sont, entre autres, des lavandières, des dockers. Ils n’auront plus que trois jours, pour trouver un nouvel abri. « Nous partirons à condition qu’on nous donne un nouveau logement », lancent-ils.
Miangaly Ralitera