Attiser la flamme patriotique chez chaque citoyen est l’objectif de la commémoration du soulèvement d’indépendance, cette année. Ce but risque, cependant, de se heurter à l’indifférence populaire.
Tiède. Le 70e anniversaire du soulèvement pour le retour de l’indépendance de Madagascar, le 29 mars 1947, sera célébré demain. De prime abord, la commémoration de cet événement historique risque, pourtant, de se dérouler dans l’indifférence de la majorité de la population et d’être réduit aux cérémonies de mémoires officielles et politiques.
« 70 taonan’ny tolom-panafahana: Mba hiampita ny fanilo, ny lasa tsy fanadino », est le thème de la commémoration de cette date historique, pour cette année, traduit librement en « 70e anniversaire de la lutte d’indépendance : Pour que le flambeau passe, le passé ne s’oublie pas ». Une source au sein du comité d’organisation des actes de mémoires explique que, « l’objectif pour ce 70e anniversaire est de passer le flambeau du patriotisme dont ont fait preuve nos aïeuls à la génération actuelle, à la jeunesse, surtout ».
Attiser la flamme patriotique chez les citoyens est, ainsi, le but affirmé. « La lutte n’est pas terminée, c’est simplement sa forme qui change », ajoute la source. Dans un discours d’ouverture d’une exposition photos à la bibliothèque nationale, Anosy, hier, Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, s’est demandé si le flambeau est réellement passé. « Qu’en a-t-on fait Allons-nous continuer à restreindre les commémorations aux dépôts de gerbes Le flambeau doit nous motiver à mener d’autres luttes pour la Nation », a-t-il déclaré.
Certes, mais la tiédeur de la population face à l’événement pourrait, cependant, doucher les ambitions affirmées pour les commémorations de cette année. La source contactée explique que le comité d’organisation a voulu éveiller les consciences et donner une dimension autre que les commémorations officielles, voire politiques à l’événement. Les spots publicitaires et la diffusion de film d’histoire sur les médias nationaux, depuis le mois de février, n’ont, visiblement, pas suffi à motiver l’adhésion populaire. Pareillement, pour les cultes œcuméniques, depuis le début de ce mois.
Prise de conscience
À l’exemple de l’académie malgache, le département d’histoire de l’Université d’Antananarivo et Ilontsera, des conférences et expositions sont organisées par les intellectuels et entités citoyennes. « Cette initiative a été pour amener une prise de conscience populaire (…) aller au-delà des dépôts de gerbes », indique un membre d’Ilontsera. Cette organisation a fait une exposition photos et coupures de presse au jardin de Mahamasina, les 24 et 25 mars, pour se rapprocher de la population et l’impliquer dans les commémorations.
Pour éveiller la flamme patriotique chez les esprits éclairés, les universitaires misent, cette année, sur la réflexion et l’éclairage sur les réalités et vérités de l’histoire. À la veille de la date du 29 mars, il semble, toutefois, que l’appropriation populaire de la portée voulue aux commémorations ne soit pas acquise. Les Malgaches pourraient, comme chaque année, se satisfaire du jour férié et laisser aux politiciens et militants nationalistes l’apanage des devoirs de mémoire.
Pour les actes de mémoires officielles, il y aura au menu l’inauguration d’une plaque commémorative, à Ambohijatovo, suivie d’une scène de passage de flambeau entre les anciens combattants et la jeune génération, au mausolée d’Andrainarivo ensuite une cérémonie, à Moramanga. Tous seront accompagnés de l’incontournable dépôt de gerbes.
« Le président de la République s’exprimera durant la cérémonie, à Moramanga », indique la source au sein du comité d’organisation. Pour marquer son passage, à Madagascar, durant le sommet de la Francophonie et sa visite à la stèle des anciens combattants de la Grande guerre, à Anosy, François Hollande, président Français, a rendu « hommage », aux victimes des événements de 1947 qu’il a qualifiés de « répression brutale ». Pour le 70e anniversaire du 29 mars 1947, beaucoup attendent de Hery Rajaonarimampianina, un discours pour marquer les esprits.
Garry Fabrice Ranaivoson