L’affaire de 30 000 rondins de bois de rose de Singapour refait surface. L’importateur de ces bois précieux et sa société ont été condamnés hier par la Cour suprême de la ville-État.
Le verdict est tombé. La Cour suprême de Singapour a déclaré coupable hier un homme d’affaires et son entreprise pour avoir importé du bois de rose malgache, selon le journal The Straits Times. Pour le moment, la justice singapourienne n’a pas encore prononcé la peine encourue par le coupable. Toutefois, l’avocat général Kwek Mean Luck a demandé 18 mois de prison pour Wong et une amende de 500 000 $ pour le cabinet, d’après ce journal.
Wong Wee Keong, 56 ans et son entreprise Kong Hoo avaient importé près de 30 000 rondins de bois de rose d’une valeur estimée à 50 millions de dollars en février 2014. La cargaison a été interceptée dans le port de Jurong, Singapour. L’homme d’affaires avait soutenu durant ses procès qu’il allait expédier ces marchandises à Hong Kong. Par deux fois, il a été acquitté, en 2015 et 2016.
Connue pour sa ténacité, la justice de la Ville-État n’a pas lâché l’affaire. Le ministère public a interjeté appel devant la Cour Suprême, ce qui a annulé l’acquittement et renvoyé l’affaire pour que le procès se poursuive, et afin que la défense puisse répondre à l’affaire. Au cours de ce procès, la justice a conclu que la « cargaison était importée et n’était pas uniquement en transit , comme le soutenait la partie défenderesse ». Les marchandises n’ont pas trouvé d’acheteur.
Le bois de rose est une espèce protégée au titre de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), à laquelle la Ville-État est signataire, tout comme Madagascar.
Amorphe
Et en vertu de la Loi sur les espèces menacées d’extinction (importation et exportation) de Singapour, le bois de rose ne peut être importé sans l’autorisation de l’Autorité agroalimentaire et vétérinaire de Singapour (AVA).
Pour faire passer les marchandises, Wong Wee Keong a affirmé être en possession de documents venant des autorités malgaches pour cette importation. Dans leur défense, les accusés ont mis en avant que du 14 au 25 février, période pendant laquelle la cargaison a quitté la Grande île, Madagascar avait le droit d’exporter du bois de rose, parce que l’embargo de la Convention internationale des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES), avait expiré le 13 février, et n’a été renouvelé que le 26 février.
Dans cette affaire de bois de rose de Singapour, l’absence des engagements malgaches a été remarquable. Pour trancher sur l’affaire, la justice singapourienne avait besoin de la version des autorités malgaches sur l’authenticité des documents ayant permis la sortie de la cargaison des frontières malgaches. Mais des tergiversations ont été constatées sur le caractère légal ou illégal desdits documents. Après avoir parlé d’authenticité, les autorités se sont ravisées, puis sont restées discrètes sur le sujet. Il a fallu attendre les remarques du secrétariat permanent de la Cites, en août 2016 et les menaces de sanctions internationales, pour que les autorités aient enfin daigné agir, en intentant une action civile afin de « demander la restitution des bois saisis ». Aucune décision n’a encore été prononcée dans ce sens.
Lova Rafidiarisoa