L’audition à la Chaîne pénale anti-corruption a décidé le mandat de dépôt pour Claudine Razaimamonjy. La décision a eu pour effet immédiat d’expédier le conseiller spécial du Président aux urgences.
La Justice a montré toute son indépendance. Malgré tous les préjugés affublant l’État, en particulier, d’une intention d’extirper le conseiller du Président, Claudine Razaimamonjy, de l’enquête sur une suspicion de corruption pour laquelle elle a été arrêtée dimanche à Mahamasina par le Bianco, la Chaîne pénale a décidé, hier, sa mise en détention préventive à la prison d’Antanimora.
Sitôt la sentence annoncée, elle a perdu connaissance et a dû être évacuée aux services des urgences de l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona, à bord d’une ambulance.
Une décision qui a quelque peu surpris tout le monde. On s’attendait à une relaxation, à un arrêt des poursuites, vu la fonction du prévenu, et surtout l’intervention du ministre de la Justice qui a demandé sa remise en liberté après l’expiration de sa garde à vue. Sa mise en détention préventive, qui sera effective quand elle aura recouvré toutes ses capacités, prouve que l’État n’a pas donné des ordres ni fait des pressions auprès des juges.
Ainsi, ni les perturbations causées par les Zanak’i Fianar conduits par le sénateur Riana Andriamandavy, ni la présence de plusieurs conseillers et ministres à la Chaîne pénale, n’ont fait trembler les juges.
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C’est d’autant plus probable que le président du parti HVM, Rivo Rakotovao affirme s’incliner devant la décision du tribunal. « Nous sommes pour l’application de la loi, et nous avons confiance en la justice. Mais nous soutenons Claudine Razaimamonjy, conseiller du Président et membre fondateur de notre parti », a-t-il déclaré, commentant le sort réservé par la Chaine pénale à Claudine Razaimamonjy.
On s’y attendait un peu, dans la mesure où la déclaration du syndicat des magistrats laissait planer une riposte à ceux qui voulaient écorner leur indépendance. Ils ont montré qu’ils peuvent bien décider ce qu’ils veulent, quelles que soient les circonstances et la conjoncture. Reste à savoir si l’indépendance vaut simplement dans leur relation avec
l’État. Qui peut garantir que cette décision d’incarcérer le conseiller du Président n’a pas obéi à d’autres forces extérieures ?
Vu l’enjeu de cette affaire et la soudaineté de l’action du Bianco, dont l’indépendance a été clairement établie, des doutes subsistent raisonnablement.
Si tout le monde souhaite l’indépendance de la Justice, l’arrestation de tous les délinquants financiers et les auteurs de corruption, il faut que cela se fasse dans une totale autonomie sans relent politique. Si c’est pour épingler quelqu’un par rapport à sa fonction et son appartenance politique, on ne sera pas sorti de l’auberge de l’alternance manivelle.
La rédaction