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Andranomena – Rapt d’un lycéen devant sept policiers

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En attente du bus scolaire sur le point de contrôle policier, un élève du lycée français d’Ambatobe a été enlevé. Il s’agit du fils du propriétaire d’« Eden textiles » à Behoririka. 

Un rapt des plus audacieux. Dans la matinée d’hier, aux alentours de 6 heures, une troupe de ravisseurs a frappé au nez et à la barbe des forces de police au niveau de l’intersection  à Andranomena. Les ravisseurs se sont munis de deux fusils de Kalachnikov et de deux pistolets. Firoze Nourbhay, un français d’origine indienne âgé de 16 ans, scolarisé au lycée français d’Ambatobe en a fait les frais. Ce lycéen a été enlevé de force sous les yeux impuissants de ses camarades de classe. Il s’apprêtait à prendre le bus scolaire lorsque le gang a sévi. Un agent de police a été, pour sa part, blessé d’une balle à la tête.
« Les kidnappeurs ont débarqué avec une Renault Espace. Ils étaient cinq à bord. L’automobile s’est arrêtée devant le pick-up vert de la police du 6e arrondissement. En un éclair, ils ont tenu en respect les policiers sur place, immobilisé leur 4×4 et enlevé le lycéen », raconte Rija Tanjona Rakoto­zafy, habitant d’Andranomena et témoin oculaire du rapt.
À l’entendre, sept  policiers étaient  postés sur les lieux au moment des faits, dont cinq à bord du véhicule de patrouille à l’arrêt.
«Quatre des ravisseurs sont descendus de la Renault Espace. Ils ont enfilé  leurs capuchons. Brandissant chacun un Kalachnikov à double boîte chargeur, deux d’entre eux se sont rués vers le tout-terrain de la police pour tenir en joue les éléments. » continue le témoin. «Puis, ils ont arrosé de balles le radiateur du véhicule. Sitôt maîtrisés, ils  ont été sommés de se mettre à plat ventre. Couché sur l’asphalte, lorsque les deux individus armés ont ouvert le feu sur le pick-up, l’un des policiers a été blessé à la tête par un projectile qui a ricoché », poursuit toujours le riverain.

Insurrection
Selon  ses explications, deux autres éléments du commissariat central, en train de régler la circulation lorsque la bande a sévi, ne sont pas intervenus.
À côté, deux autres kidnappeurs, tenant chacun une arme de poing, ont empêché le jeune homme de monter dans le bus scolaire. Désemparé, le lycéen a couru le long d’une voie de desserte pour essayer de regagner son foyer. Les bandits l’ont très vite appréhendé. Traîné de force, la victime a été jetée dans le monospace, abandonné un peu plus loin  par les bandits pour emprunter un autre véhicule. Venus sur place, alors que la bande s’est déjà évanouie dans la nature, les éléments d’intervention  de la police ont fait un ratissage qui s’est avéré infructueux. La Renault Espace abandonnée a été, en revanche, saisie et conduite au
commissariat du 6e arrondissement. Un déploiement  de policiers et une intensification des contrôles des véhicules ainsi que des motos ont été constatés  dans la banlieue Ouest. De la communauté des Bohras, l’adolescent enlevé est le fils du propriétaire de la ligne Eden textiles, à Behoririka.
Le Collectif des Français d’Origine Indienne de Madagascar (CFOIM) s’insurge. Il confie que les parents de Firoze Nourbhay sont sans nouvelle de leur fils. Le collectif se dresse contre la violence croissante perpétrée à l’encontre de la communauté française d’ origine  indienne vivant à Mada­gascar.
Il a communiqué : «Une ligne rouge a été franchie, les criminels s’en prennent maintenant aux enfants. Le CFOIM lance un appel solennel au Gouvernement malgache et à la Communauté Internationale pour stopper la violence à l’encontre de notre communauté». Il a continué que: «C’est déjà assez traumatisant s’agissant d’un adulte. Alors imaginez l’impact psychologique sur cet enfant de 16 ans ! Tels actes sont devenus monnaie courante dans la Grande île».
Pour sa part, le lycée français d’Ambatobe indique que les élèves témoins de la scène ont été pris en charge par le lycée dès leur arrivée dans l’établissement. Les responsables sont en relation avec l’ambassade de France à Madagascar ainsi que les autorités malgaches. Le lycée entend de surcroît poursuivre l’accompagnement des élèves et prendre les initiatives relevant de son ressort.

Mégarde policière

Les éléments de la circulation étaient armés pendant leur service. Toutefois, aucun des cinq policiers du commissariat d’Ambohi­manarina et des deux autres du commissariat central postés à Andranomena lors du kidnapping ne l’étaient. Autre fait sidérant, le 4×4 de marque Nissan Hardbody du commissariat du 6e arrondissement stationné sur les lieux du crime y était immobilisé depuis un certain temps. Bien que censé être un véhicule de patrouille, il n’a pas bougé depuis, faute d’entretien. Par conséquent, le tout-terrain ne faisait qu’office de façade et d’abri de fortune pour les éléments en service avant même que les kidnappeurs ne le trouent de balles, de peur qu’une course-poursuite ne s’ensuive.

Andry Manase


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