La première session ordinaire du Parlement démarre mardi. À l’Assemblée nationale, l’ouverture de la session pourrait sonner le début des tractations en vue d’une motion de censure.
En coulisse. Alors que la date du 2 mai, jour d’ouverture de la première session ordinaire du Parlement approche, à l’Assemblée nationale, les bruits indiquant l’existence d’un projet de motion de censure contre le gouvernement de Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, se fait insistant.
« Des collègues m’ont contacté et ont insisté pour que je sois présent dès la cérémonie d’ouverture de la session. Nous devons impérativement nous réunir, car nous allons préparer quelque chose », a indiqué un député contacté. Cet élu confirme que les intentions de certains de ses pairs de déclencher un assaut contre l’équipe gouvernementale a été particulièrement appuyé, depuis le mini-remaniement du gouvernement.
La petite retouche du gouvernement, la semaine dernière, n’a pas plu à des députés et des groupes parlementaires, même ceux qui soutiennent le pouvoir. Des élus du groupe « Tiako i Madagasikara » (TIM) ont affirmé leur insatisfaction dans des interviews télévisées. Une prise de position quelque peu normale, vu les hostilités actuellement entre le camp de Marc Ravalomanana, président national du parti TIM, et les tenants du pouvoir.
Conjoncture
Seulement, la sortie médiatique de Philobert Milavonjy, de l’aile du groupe parlementaire « Vondrona Politika miara-dia Malagasy miara-miainga » (VPM-MMM), ayant basculé dans le camp des soutiens parlementaires du pouvoir a étonné les observateurs. Dans une interview sur une chaîne privée de la capitale, vendredi, l’élu d’Ambovombe a affirmé sa « déception », face au mini-remaniement.
Le député Milavonjy a déploré que l’Assemblée nationale, les élus pro-pouvoirs surtout, n’aient pas été « consultés » en vue de cette retouche, et que « des ministres performants aient été remplacés, alors que d’autres avec des bilans discutables ont été maintenus. (…) Le sujet sera forcément discuté durant la prochaine session ordinaire ». Un autre sujet d’actualité aurait, par ailleurs, conforté certains dans leur intention d’invoquer une motion de censure, le dossier Claudine Razaimamonjy.
« L’arrestation de Claudine Razaimamonjy va forcément changer des choses à l’Assemblée nationale », a indiqué le député contacté hier. Un courant à Tsimbazaza estime, en effet, que « le remaniement était l’occasion pour évincer les responsables pointés du doigt dans cette affaire ». La motion de censure « est considérée par certains députés comme une manière d’exiger la probité du gouvernement », ajoute la source.
« D’un autre côté, certains pourraient user de cette motion de censure pour parvenir à mettre sur la touche le Premier ministre et son équipe, afin de concrétiser leur ambition politique. Des personnalités ayant dans leur camp plusieurs députés lorgnent le bureau de Mahazoarivo », confie-t-elle. La source fait remarquer que « les députés pro-pouvoir sont largement majoritaires. Étant donné les textes, une motion de censure ne pourrait donc jamais se faire sans eux ».
Interviewé par une chaîne privée de la capitale hier, Anthelme Ramparany a confirmé l’existence des bruits indiquant l’éventualité d’une motion de censure contre le gouvernement, circulant dans les travées de la Chambre basse. L’ancien ministre de l’Élevage avance la conjoncture socio-économique pour expliquer cette initiative.
« Personne ne peut dire que les conditions de vie de la population se sont améliorées. Les raisons de la conjoncture actuelle ne sont pas uniquement économiques, mais pourraient également être politiques. Ce qui incombe à l’ensemble du gouvernement. Durant cette session, je pense que nous allons d’abord nous enquérir sur ce que l »équipe gouvernementale compte faire, pour renverser la situation », a déclaré le député Ramparany.
Garry Fabrice Ranaivoson