Les décès en milieu professionnel prennent de l’ampleur. Les syndicalistes pointent du doigt la négligence des employeurs.
Inquiétant. Trois travailleuses de différentes entreprises en zone franche à Antananarivo, ont perdu la vie en plein travail, en l’espace de huit mois, selon le rapport de Lalao Rasoamananoro, secrétaire générale de la Confédération des syndicats des travailleurs malgaches révolutionnaires (Fisemare). Ces décès seraient liés à la forte pression que subissent les employés au travail, mais aussi aux négligences des employeurs quant à l’état de santé de leurs employés. « Malade, l’employé demande un bulletin de consultation, mais souvent, l’employeur sous-estime la maladie et elle empire », poursuit-elle, dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la sécurité et la santé au travail (JMSST) qui s’est déroulée à Anosy, hier.
Le premier de ces décès a été enregistré, en juillet 2016. « Elle s’est évanouie au travail. On l’a emmenée à l’hôpital. Elle y a perdu la vie peu de temps après. L’employeur a refusé d’admettre que c’était un accident du travail. La famille de la défunte a entamé une poursuite », explique la SG du Fisemare. Les deux autres cas sont survenus, l’un à la fin de l’année 2016 et l’autre en février.
Esclavage déguisé
Au niveau mondial, on enregistre deux millions trois cent mille personnes qui décèdent d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle, chaque année, selon le rapport de la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM). A Madagascar, ce sont, pour l’instant, les seules statistiques disponibles.
Ces cas montrent, toutefois, que les travailleurs ont de plus en plus de mal à supporter les conditions de travail. « Trois décès en huit mois, c’est beaucoup. Et ce n’est pas tout, on constate également la hausse des victimes d’hypertension et d’accident vasculaire cérébral, chez les jeunes travailleurs. Tout cela, à cause de la pression au travail, renforcée par le stress de la vie quotidienne », renchérit la militante du droit des travailleurs.
Pour les syndicats des travailleurs, le lieu de travail est devenu une source importante de risques psychosociaux et d’extension de pratique de l’esclavage moderne. « Le travail déshumanise ces travailleurs, à l’absence de l’État de droit et de la politique macroéconomique capable de soutenir les efforts déployés pour le développement durable », explique leur porte-parole.
Faible affiliation à la sécurité santé
Le ministère de la Fonction publique, de la réforme de l’administration, du travail et des lois sociales évoque une très faible affiliation des travailleurs à la sécurité santé. Ce taux d’affiliation ne serait que de 12%. Plusieurs employeurs n’adhèreraient pas leur personnel aux organisations ou associations médicales interentreprises. La CTM sollicite la Caisse nationale de prévoyance sociale de vérifier la régularité de cette affiliation.
Miangaly Ralitera