Essoufflé. Comme chaque année, les organisations syndicales, à Antananarivo notamment, n’ont pas manqué de célébrer la fête du travail, hier. Au regard de l’affluence durant la grande marche allant de Mahamasina à Antsahamanitra, où un meeting a été organisé, il semble toutefois que l’engouement des travailleurs pour la lutte syndicale soit en perte de vitesse.
Deux grandes fédérations syndicales ont pourtant organisé les deux événements d’hier, à savoir la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM) et la Solidarité syndicale de Madagascar (SSM). Peu de syndiqués ont répondu à leur appel, afin de donner aux deux événements d’hier, l’envergure que mérite la célébration du 1er mai. La file de militants syndicaux durant la grande marche n’a pas eu la longueur attendue, et les personnes présentes ont eu peu de peine à remplir les places d’Antsahamanitra.
Selon les propos d’un responsable de la CTM, devant la presse la semaine dernière, pourtant, les événements durant la journée d’hier devaient marquer le regain de ferveur et de force du mouvement syndical à Madagascar. Une démonstration de force qui devait aussi recentrer les actions et revendications syndicales sur la défense des intérêts et des conditions des travailleurs. L’arrêt de l’instrumentalisation politique des syndicats a, par exemple, été entendu à Antsahamanitra.
Recentrer
« La célébration de cette année diffère de certaines précédentes, car il n’y a pas de patte de politicien ou d’entité politique. Une des raisons qui font que les syndicats sont perméables aux avances des politiciens est le manque de fonds, car les cotisations sont
maigres. Il faudrait que chaque organisation syndicale songe à augmenter les frais de cotisation afin d’être autonome », soutient Rémi Henri Botoudi, secrétaire général du
« Sendikan’ny kristianina malagasy » (SEKRIMA).
La confusion entre revendications syndicales et actions politiques, ces dernières années, pourrait être une raison de la perte et de l’essoufflement de la ferveur syndicale. Les syndicalistes ont même été un temps considérés par les tenants du pouvoir comme des « déstabilisateurs ». Une manière pour certains de décrédibiliser les bruyantes revendications des organisations syndicales dans le domaine de l’aviation civile et de l’enseignement, entre autres. La célébration de la fête du travail par l’entité s’étant baptisée « Afo syndikaly », l’année dernière au stade d’Alarobia, tendait pourtant à donner raison aux détracteurs.
Les orateurs de cet évènement étaient, en effet, allé jusqu’à appeler à « la destitution » du pouvoir en place. À Antsahamanitra hier, les discours ont été tout autres, et ont visiblement recentré les objectifs sur le bien-être des travailleurs. La mise en œuvre d’une nouvelle loi sur le travail, ou encore l’application de la politique de l’emploi et l’installation d’une plateforme pour permettre le dialogue social, ont été dits dans les prises de parole ou lus sur certaines banderoles.
Certaines revendications relatives à l’exigence d’un État de droit, au refus de l’impunité, à l’indépendance de la Justice, et à l’arrêt de la corruption qui nuit également à l’épanouissement des travailleurs ont aussi pu être lues sur les banderoles brandies par les syndiqués, ou accrochées autour de la scène d’Antsahamanitra. Une poignée de personnalités politiques a tout de même été aperçue, à Antsahamanitra, hier. Une présence qui n’a toutefois pas entamé la teinte syndicale du rendez-vous.
Garry Fabrice Ranaivoson