Près de cent cinquante gendarmes et militaires surarmés ont fait une percée dans un repaire de dahalo et cache de bœufs volés. Une dizaine de morts est dénombrée.
Feu vert. Près de cent cinquante éléments des forces de l’ordre appuyés par un millier de villageois, ont fait une percée dans le fief des bandits de grand-chemin à Vohidratsy Betroka, avant-hier. Le bilan est lourd. Un peloton de dahalo armés, tapis dans une zone d’embuscade autrefois réputée comme étant un abattoir à gendarmes, a essuyé les tirs meurtriers du capitaine Harena Rakotomalala commandant de la compagnie territoriale de la gendarmerie à Betroka et des près de quatre-vingt gendarmes, militaires ainsi que d’éléments d’élite de l’Unité Spéciale Anti-dahalo qu’il a menés au combat. Une dizaine d’individus sont tombés sur le champ de bataille.
Les comparses rescapés de ce déluge de feu se sont pour leur part évanouis dans la nature avec une centaine de tête de bœufs. En battant en retraite, les fuyards risquent néanmoins de se heurter de plein fouet avec le capitaine Fanevarison Onimihary qui a établi un rideau de fer dans la zone de repli de Marotsiraka. À la tête d’une armée d’irréductibles miliciens (NDLR : Les dahalo repentis), ce jeune officier de la gendarmerie peut se permettre de réduire à une dizaine d’hommes les gendarmes qu’il mène pour livrer bataille.
Le régiment de dahalo armés, laminés dans leur repaire autrefois quasi impénétrable à Vohidratsy avait attendu de pied-ferme le commandant de la compagnie de la gendarmerie à Beraketa, qui marchait dangereusement vers leur fief avec près de quatre-vingt gendarmes et militaires en sillonnant les points sensibles de Beraketa, lorsque le capitaine Harena Rakotomalala et ses compagnons qui ont contourné la tête de front pour prendre à contre-pied l’embuscade tendu par les malfaiteurs.
Embuscades
Pris en tenaille, les voleurs de bétail embusqués ont essuyé cette lourde perte. Après ce heurt des plus violents, le capitaine Harena Rakotomalala et ses hommes sont tombés nez-à-nez avec une centaine de dahalo armés, qui les ont accueillis dans une salve de coups de feu. Délogés de leurs abris à coups d’obus de grenades anti-personnel, une centaine de bandits de grand- chemin se sont repliés après s’être fait battre sur leur propre terrain. En passant au peigne fin les lieux de la fusillade, les forces de sécurité ont retrouvé à Berotsy des têtes ainsi que des pattes de zébus fraîchement abattus, que les fuyards ont abandonnés dans le village déserté.
Pris entre deux feux lors de la progression des deux pelotons d’éléments des forces de l’ordre, des fuyards qui ont essayé de se frayer un chemin dans la zone couverte par l’opération se sont fait cueillir par d’autres éléments conduits par le lieutenant-colonel Théodule Ranaivoarison, commandant du groupement de la gendarmerie de l’Anosy, qui ont pris position dans la commune d’Isoanala pour verrouiller les brèches.
« Initié par les groupements de la gendarmerie des régions Anosy et Androy, cette opération consistait à récupérer les troupeaux dérobés par des dahalo qui pensaient être les maîtres absolus dans les montagnes de l’Andriry-Sud. Avec l’appui du secrétariat d’État ainsi que du commandement de la gendarmerie nationale, cinq cents cartouches de chevrotine, nous ont été remis. La dotation nous a permis de lancer l’opération. Un millier de villageois nous ont suivis. Les munitions leur ont été distribuées pour les expéditions », explique le colonel Théodule.
Selon ses explications, les villageois ont manifesté la nécessité de poursuivre l’opération.
« Des troupeaux sont encore entre les mains des dahalo. En l’espace d’un mois, pas moins de neuf cents zébus sont tombés entre les mains des voleurs de bétail à Beraketa, Vohimanga, Bekirobo et Besakoa. Dans chacun de ces actes de banditisme, il y a eu mort d’homme à tel point qu’il a fallu lancer cette opération. Le fokonolona qui nous a accompagnés dans cette croisade n’est pas affiliés aux Dina (NDLR : pacte villageois) mais il affiche en revanche une détermination pour mettre fin à ce fléau », conclut le commandant du groupement de la région Anosy.
En saisissant la balle au bond, il annonce qu’il n’y a pas de relâchement.
Andry Manase