Le directeur général de l’administration pénitentiaire minimise les réactions des agents pénitentiaires. Le SMM crie à la mutinerie.
Une mutinerie. C’est ainsi, que dans un communiqué de presse, le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), qualifie la scène qui s’est déroulée au tribunal de Manakara, mercredi. Dans cette missive, le SMM réclame l’ouverture d’une enquête et des poursuites judiciaires contre les « mutins ».
Le Syndicat affirme donc, que « devant cette conduite ignoble, le Syndicat des Magistrats de Madagascar porte à la connaissance du public qu’il (…) n’accepte pas que de tels comportements, empreints de violence sur des magistrats, de greffiers ainsi que, du personnel d’un tribunal qui sont dans l’exercice de leurs fonctions, restent sans suite, au risque de créer un précédent. Et exige qu’une enquête soit ouverte en vue de traduire tous les responsables de ces actes devant la Justice, indépendamment d’une poursuite disciplinaire (…) ».
À chaud
Une quinzaine d’agents pénitentiaires de la prison de Manakara ont déboulé en colère dans la salle d’audience de la ville, mercredi. En civil pour la plupart, et appuyés par leurs collègues en service et, armes à la main, certains d’entre eux ont bousculé un magistrat. Ceci pour contester le verdict du juge, condamnant à deux ans de réclusion ferme, trois de leurs collègues. Ces derniers, coupables d’avoir maltraité un détenu, ont été extirpés du procès. « Les mutins », se sont alors réfugiés derrière les murailles de la prison, ne laissant personne ni entrer, ni sortir, jusqu’à hier, au motif d’une grève.
Pour le SMM il s’agit d’une « atteinte à la valeur de la Justice et à la sécurité de son personnel ». Le Syndicat scande sa « profonde préoccupation par la détérioration grave de l’État de droit et du non-respect des lois ». Le communiqué d’hier en appelle au ministère de la Justice, à « prendre, de toute urgence, toutes les dispositions qui s’imposent afin de recouvrir l’apaisement au niveau de l’établissement pénitentiaire concerné et les agents qui sont placés sous son autorité ».
En marge d’une assise des inspecteurs d’administration pénitentiaire, hier, au By-pass, Désiré Randrianandrasana, directeur général de l’administration pénitentiaire, a indiqué que les agissements des agents « pourraient être une réaction à chaud ». D’après lui, il est probable que « les frustrations dues aux difficulté du métier et à l’insuffisance de matériel, ajouté au choc du verdict », ont amené à ces actes.
Selon le directeur Randrianandrasana, une personne a déjà été dépêchée, à Manakara, pour débloquer la situation. « (…) la loi et les décisions de Justice s’imposent à toute personne physique ou morale, quel que soit son statut, citoyen malgache ou étranger, auxquelles elle doit se soumettre », martèle le SMM. Devant la presse, hier, le numéro un de l’administration pénitentiaire a laissé entendre que les agents de Manakara, se soumettront à la décision de la Justice et qu’une interjection en appel est envisagée.
Garry Fabrice Ranaivoson