Le viol incestueux gagnerait du terrain. La ministre de la Population met en garde les parents et les familles.
Scandale dans la famille. Cela fait maintenant dix ans que Vololona (nom d’emprunt), a perdu sa fille aînée. Cette dernière s’est donné la mort à 16 ans. Elle a été violée par son père biologique et est tombée enceinte, selon Vololona. « D’après une lettre qu’elle nous a laissée, elle ne pouvait pas supporter ce que son père lui a fait. Elle a préféré mourir», raconte la mère, le visage accablé. Son mari a tramé ces actes, en son absence. « Je quittais tôt la maison pour vendre des légumes dans notre village. Il restait à la maison, avec nos neuf enfants, pour garder le domaine. C’est là qu’il a violé ma fille », poursuit-elle.
La situation est traumatisante. La ministre de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme (MPPSPF), Onitiana Realy, a révélé hier, que ce viol incestueux gagnait du terrain, de nos jours. « Les parents, à savoir, le père biologique, l’oncle, les cousins, sont répertoriés parmi les principaux auteurs des viols, selon les statistiques que nous possédons au sein de notre département », avance-t-elle. C’était à l’hôtel Ibis Ankorondrano, dans le cadre de la présentation de l’hymne du mois de l’enfance.
Onitiana Realy n’a pas indiqué les statistiques. Toutefois, au centre Vonjy de la maternité de Befelatanana, les chiffres du premier semestre de l’année 2016 ont révélé que 8 % des viols enregistrés sont commis par des pères biologiques.
Alerte
Le Dr Olivier Rakotomalala, psychologue, suppose que le laxisme au niveau de l’éducation familiale, associé à une immaturité affective et une culture valorisant le lien familial, pourraient engendrer cette « Pédophilie intrafamiliale ». Et le docteur de continuer en expliquant: « Durant son enfance, l’individu n’a pas été bien cadré pour filtrer les règles de la société. En grandissant, il n’a pas de balise et effectue des choses bannies par la société. Enfin, dans notre culture, le lien familial est tellement serré. Que ces pédophiles ne cherchent pas loin, ils trouvent leur victime dans ce petit cercle ».
Sept cent soixante réseaux de protection de l’enfant sont implantés un peu partout dans le pays, pour signaler ces violences envers les enfants. Ce n’est pas encore suffisant. Plusieurs communautés n’en possèdent pas encore.
La ministre réitère sa mise en garde aux parents contre ce phénomène. « Quand vous devez quitter vos enfants, placez-les chez des personnes en qui vous faites confiance. Si c’est possible, faites les garder par une femme », recommande-t-elle. Nicolette Moodie, chef de la Protection de l’enfant au sein du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) appuie la ministre, en insistant que le plus important, c’est la prévention.
Miangaly Ralitera