La non application de la vérité des prix coûte cher aux contribuables. Le lissage du prix à la pompe endette l’État à plus d’un milliard d’ariary.
C’était prévisible. Le lissage du prix du carburant coûtait cher au gouvernement. Celui-ci doit maintenant plus d’un milliard ariary aux pétroliers. « Le cumul du reliquat en faveur des distributeurs, estimé à 1,2 milliard ariary, dû au système de lissage de prix n’est pas encore soldé, et d’autre part, les résultats de l’audit de la structure de prix des carburants sont toujours en cours de finalisation », indique le communiqué du conseil de gouvernement de mardi.
Afin d’éviter la hausse excessive du prix à la pompe, les autorités ont mis en place une formule de calcul automatique des prix en janvier 2016. L’idée était de permettre que les prix affichés à la pompe correspondent aux prix de référence calculés, considérés comme étant les prix réels. Cette formule détermine automatiquement un prix maximal à appliquer mensuellement sur chaque produit.
Comme la « vérité des prix » varie en fonction du prix du pétrole brut et du cours de l’ariary, la monnaie nationale, les prix à la pompe sont aussi censés fluctuer. Or, il est arrivé que les variations soient très importantes et que les hausses atteignent presque, voire plus de 200 ariary. D’où la décision des autorités de procéder à un « lissage » dès le mois de mai 2016. Le système de lissage consiste à ajuster le prix de référence calculé de manière à réduire les variations des prix à la pompe.
Depuis plusieurs mois, les hausses ou les baisses réelles des prix sont ainsi reportées de façon à éviter une trop grande fluctuation des prix.
Amortissement
Au mois de décembre, le prix maxima du litre du gazole devait être de 3178 ariary et celui du super carburant était de 3707 ariary le litre. Mais les autorités ont ajusté ces prix à 3070 ariary le litre du gazole et 3640 ariary le litre du super carburant. Il peut néanmoins arriver que le prix affiché soit supérieur au prix réel, comme ce fut le cas en octobre où les consommateurs achetaient le gazole à 2910 ariary alors que le prix réel était d’environ 2850 ariary. En septembre, le gazole coûtait même 133 ariary plus cher que le prix réel.
Les autorités ont ainsi pu se constituer un « coussin d’amortissement » pour rattraper des hausses à venir. Mais le système n’est pas sans danger. Actuellement, ces différenciations de prix coûtent plus d’un milliard ariary pour le budget. Le gouvernement risque ainsi d’entrer dans une spirale de subvention. D’autant plus que le budget rectificatif prévoit une aide additionnelle de quatre milliards ariary pour le transport public, en guise de compensation de carburant. Et que l’année dernière, l’Etat devait rembourser aux compagnies pétrolières 196 milliards ariary. Un montant qui équivaut au remboursement des TVA et à la compensation du prix à la pompe.
Lova Rafidiarisoa