Un juge arbitre de la fédération mauricienne de kickboxing est soupçonné d’être le cerveau d’une importation d’héroïne depuis Madagascar.
Un pan de voile est levé sur l’exportation d’héroïne et de cannabis vers Maurice. Appréhendé la semaine passée par l’unité maurcienne contre la drogue et la contrebande (ADSU), un juge arbitre de la fédération du kickboxing de l’île sœur est cloué au pilori. Âgé d’une quarantaine d’années, ce présumé cerveau de contrebande de produits stupéfiants en provenance de la Grande île a été incriminé par deux ressortissantes malgaches, arrêtées suite à la découverte le 24 mai de 7, 6 kilogrammes d’héroïne et de 6,6 autres kilos de chanvre indien dissimulés dans un conteneur de produits artisanaux qui a quitté le port de Toamasina quelques jours plus tôt.
Soumis au feu roulant des questions, le juge arbitre soutient n’avoir jamais connu les deux Malgaches. Pour se disculper de toute incrimination, il a avancé qu’il a voyagé à plusieurs reprises à Madagascar uniquement dans un cadre sportif afin de renforcer ses compétences en tant que juge arbitre. L’échappatoire qu’il a trouvée n’est pas pour autant convaincante. Le présumé grand manitou du trafic de drogue dure semble avoir été désavoué par les siens. Les investigations de l’ADSU ont révélé que la fédération mauricienne de kickboxing ne l’aurait jamais envoyé à Madagascar pour renforcement de capacités.
Confrontation
En tout cas, les informations dont la police dispose sur lui sont en cours de confrontation avec celles recueillies sur un trafiquant notoire identifié comme étant la tête de toute une filière.
Les deux femmes malgaches mouillées dans cette affaire gagnaient leur vie à Maurice comme marchandes ambulantes de produits artisanaux de Madagascar. L’une d’elles affirme n’avoir nullement soupçonné que la cargaison pouvait renfermer de la drogue et que les
différents articles qui en faisaient partie ont été importés par une association de revendeurs. Affirmant ne pas connaître personnellement l’arbitre, elle n’a fourni aux enquêteurs que le
prénom ainsi que le signalement de celui-ci lors de son arrestation. Enfonçant le clou, elle ajoute que l’arbitre aurait fait le déplacement à Madagascar au mois d’avril pour placer trois sacs dans le conteneur transportant leurs produits, avant que celui-ci ne soit acheminé.
Baptisé John Rickmers, le bateau ayant transporté la cargaison a jeté l’ancre à Port –Louis le dimanche 21 mai. Des indices suspects décelés par les autorités ont abouti à des vérifications trois jours plus tard. Guidés par le flair de deux chiens pisteurs de la CANS, ils n’ont pas eu de mal à découvrir le pot-aux-roses. Le passage au rayon X de tables et de statuettes se trouvant dans le conteneur a permis de déceler de la drogue dont la valeur est estimée à plus de 118 millions de roupies, soit l’équivalent de 8,9 milliards d’ariary.
Andry Manase