La résidence de l’ancien ministre de la Fonction publique Jacky Mahafaly Tsiandopy a été attaquée. Son corps couvert d’hématomes gisait dans sa chambre. Des bijoux ont été dérobés avec un ordinateur portable.
De mal en pis. En l’espace de soixante-douze heures, deux ex-ministres du régime Ravalomanana passent l’arme à gauche. Dans la matinée d’hier, le corps inerte de l’ancien ministre de la Fonction publique et des lois sociales Jacky Mahafaly Tsiandopy, actuel président du syndicat des inspecteurs généraux d’Etat, a été retrouvé dans sa villa à Andavadoby, au bout de la piste de l’aéroport d’Ivato, après qu’un acte de banditisme y a été commis. La mort l’a happé trois jours après le décès dramatique de l’ex-ministre de la Communication Mamy Rakotoarivelo, dans sa résidence à Ankadifotsy.
«La mort de l’ancien membre du gouvernement est des plus suspecte. Des hématomes ont été relevés sur son front et les lieux de la découverte macabre étaient sens dessus-dessous. Les enquêtes sommaires révèlent de surcroît qu’il était en bonne santé la veille », lance le colonel Ravoavy Zafisambatra, commandant du groupement de la gendarmerie nationale de la région Analamanga.
«La rigidité cadavérique commençait en revanche à saisir sa dépouille lorsque les enquêteurs l’ont examinée », poursuit l’officier-supérieur.
Empreintes digitales
Une autre source auprès de la police judiciaire souligne pour sa part que des bijoux en or, dont un bracelet ainsi qu’un collier ont été dérobés avec un ordinateur portable, ouvrant ainsi la piste criminelle. Préposé à la surveillance des lieux, un couple occupait une dépendance dans la propriété théâtre du crime. Le défunt avait également un chauffeur d’après les témoignages de son entourage.
Tétanisé en retrouvant le corps sans vie du président syndical à son réveil, le gardien n’a pas d’emblée alerté les autorités, mais a téléphoné à un membre de la famille de son patron à Antsiranana, pour l’informer du drame. Celui-ci était à son tour entré en contact avec une de ses connaissances auprès de la gendarmerie nationale à Antananarivo, laquelle a ensuite alerté la brigade territoriale d’Ambohidratrimo. Venus sur place en premier, les gendarmes de proximité ont fait le constat, travaillant de concert avec les enquêteurs de la Section des Recherches Criminelles (SRC) d’Antananarivo, venus les prêter main forte. Les prélèvements d’indices ainsi que les enquêtes sommaires ont duré près de cinq heures.
Arrivée dans le domaine dans la matinée vers 10heures, l’équipe d’enquêteurs n’en était sortie que dans l’après-midi, vers 15 heures. Elle est repartie avec divers indices matériels, dont des bouts de planches, susceptibles d’avoir fait office d’arme du crime. Des prélèvements d’empreintes digitales pourraient permettre de remonter jusqu’à des suspects potentiels.
Contre les faux en inscription
Après s’être effacé de l’échiquier politique, Jacky Mahafaly Tsiandopy était sorti de ses gonds à la mi-juin 2016 alors que la grève faisait rage au sein du grand corps, dont il était le président syndical. Avec son franc parler, il avait dénoncé des exactions et des harcèlements contre les inspecteurs généraux d’Etat qui n’auraient fait qu’éclairer le public sur des inscriptions en faux, mises à nu lors d’investigations qu’ils ont menées. Enfonçant le clou, Tsiandopy avait fustigé un style de gouvernance qu’il qualifiait de machiavélique, dont les mots d’ordre étaient de faire taire les voix jugées dissidentes, museler les média, traquer les leaders syndicaux et humilier les corps professionnels en leur promettant du vent.
Andry Manase