Livré devant le parquet, un prévenu s’est échappé pour sauter dans le lac Anosy. Il a fallu l’intervention de l’Emmo/Reg usant de grenades lacrymogènes pour le saisir trois heures plus tard.
Cause perdue pour un prévenu. Traduit devant le parquet du tribunal à Anosy, pour un incendie criminel qui a mis en ébullition, Ankadikely Ilafy, il y a deux semaines, ce jeune homme de vingt ans s’est fait la malle dès que deux gendarmes qui l’avaient escorté lui ont retiré les menottes lors de sa comparution devant le juge d’instruction, hier vers 11 heures.
Pendant sa fuite éperdue, il s’est jeté dans le lac Anosy, pour essayer de semer, deux gendarmes lancés à ses trousses. Pendant près de trois heures, le prévenu s’est retranché dans la vase au milieu du lac, laissant pantois les forces de l’ordre qui l’attendaient de pied-ferme, ainsi qu’une cohue de badauds qui s’attroupaient autour du lac, derrière les rambardes.
Il a fallu attendre que les sapeurs-pompiers viennent à la rescousse à bord d’un véhicule d’intervention subaquatique chargé d’équipements pour l’y déloger. L’intervention d’une unité de gendarmes de l’État Major Mixte Opérationnel Régional (Emmo/Reg), a été décisive pour mettre fin à l’enlisement. Ayant pris position sur la rive, en contrebas de la route longeant la clôture du palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, un gendarme encagoulé qui l’avait tenu dans la ligne de mire de son fusil lance grenade lui a envoyé un obus de lacrymogène, pour arracher sa reddition. À 14 heures, pris de panique à la première détonation, l’évadé téméraire, sommé de se rendre, par des éléments de l’Emmo/Reg, a fini par obtempérer. D’autant plus qu’il était pris entre deux feux. Derrière lui, trois sapeurs-pompiers en tenue de plongée étaient sur le point de l’appréhender.
Insolence
«Une telle évasion est imprévisible. Les dispositions légales stipulent que les menottes d’un suspect doivent être retirées pendant son audition par le juge d’instruction. L’individu inculpé pour incendie criminel a sauté sur cette occasion pour s’enfuir. La situation était néanmoins sous contrôle. Des éléments en tenue civile ont été déployés aux abords du lac, pour surveiller ses faits et gestes, jusqu’à ce que du renfort débarque avec le matériel nécessaire», rassure d’un air calme et impassible le chef d’escadron Herilalatiana Andrianarisaona, chef du service communication et des relations publiques de la gendarmerie nationale.
Bon an mal an, le prévenu fougueux a donné du fil à retordre aux éléments dépêchés sur les lieux. Ayant plongé dans le lac, juste en face du tribunal, il a rejoint l’autre côté, d’où il a nargué avec insolence la foule, des gendarmes ainsi que des policiers, en ôtant ses vêtements et en exhibant sa nudité. Au bout d’une heure et demie, lorsque l’hypothermie commençait à miner son état, l’évadé a rejoint un îlot, près de la statue de l’archange Saint Michel, d’où il s’est accordé un bain de soleil tout en étant perché sur un arbre. Ce répit n’était pourtant que de courte durée. Sitôt arrivés, les sapeurs-pompiers se sont jetés dans le lac pour procéder à sa capture, l’obligeant ainsi à abandonner son abri de fortune, telle une bête traquée. Rattrapé, le quidam a été ramené à la brigade de la gendarmerie à Ankadikely Ilafy où une autre inculpation pour tentative d’évasion devrait s’ajouter à son dossier.