Des professionnels blâment le business grandissant de certains instituts privés. Un conseil supérieur des paramédicaux veut y mettre fin.
Les incompétences des diplômés de certains instituts privés de paramédicaux irritent les professionnels des corps d’infirmiers et de sages-femmes. « Ils pourrissent totalement notre métier », assène Jean Valérien Rakotonandrasana, président d’honneur du syndicat des paramédicaux à Tsaralalàna, hier. Les exemples qui ont été cités donnent vraiment la chair de poule. « Il y a des cas flagrants. Un infirmier a injecté les médicaments à administrer dans l’artère au lieu de la veine. Un stagiaire a injecté à une mère un vaccin DTCoq pour enfant. C’est pourtant une leçon de base, avant une injection, on doit vérifier l’étiquette et la voie d’administration », commente une source.
Avertissement
Le fait que cette discipline soit devenue du business pour certains détenteurs de moyens conduit à la mauvaise qualité de l’offre de formation, selon ces diplômés de l’institut de formation des paramédicaux publics. « Une promotion peut aller jusqu’à soixante dix étudiants dans les instituts privés, alors que la norme exigée est de vingt-cinq. Les stages dans les services des hôpitaux sont saturés et l’encadrement n’est plus assuré », souligne Jean Valérien Rakotonandrasana qui rajoute, « Imaginez-vous qu’il y a des sages-femmes diplômées qui n’ont jamais assuré un seul accouchement pendant leur cursus, alors qu’elles devraient effectuer au moins cinquante accouchements durant leur stage ».
Les nouveaux bacheliers sont avertis. « Méfiez-vous ! Beaucoup de ces diplômés des instituts privés sont maintenant sans emploi. Les cliniques privées n’ont pas confiance en eux et l’État n’en recrute que très peu », alerte le syndicat des paramédicaux. Une source auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique indique qu’il n’y a que cent soixante dix neuf offres de formation réparties dans soixante dix-neuf établissements habilités, à l’heure actuelle. Ce ministère a, également, suspendu en juillet la délivrance d’autorisation d’ouverture pour les instituts de formation en paramédicaux, pour pouvoir régulariser ceux déjà ouverts.
Patrick Ravoson, président du syndicat des paramédicaux a annoncé qu’ils ont décidé de participer à l’encadrement des jeunes pour l’amélioration de la capacité des jeunes diplômés. Par ailleurs, il a été décidé lors d’un colloque des paramédicaux à Antsirabe, en juillet, la
mise en place d’un conseil supérieur des paramédicaux pour régénérer cette discipline et son plan de carrière. Ses membres, composés
de corps d’infirmiers, de sages-femmes, du syndicat et de l’association des paramédicaux et la direction de la formation en paramédicaux, se réuniront prochainement pour rédiger leur planning.
Miangaly Ralitera