Trois exportatrices de produits artisanaux ont passé quatre nuits en zone internationale de l’aéroport d’Addis Abeba faute de soutien de l’ambassade.
Mésaventure. Trois ressortissantes malgaches qui devaient participer à une foire de Noël en Ethiopie, suite à un accord avec une organisation commerciale panafricaine, ont été refoulées à l’aéroport d’Addis Abeba en début de semaine. Faute de visa, elles n’ont pas pu entrer sur le territoire éthiopien. « Mais nous avons quand même passé quatre nuits dans la zone internationale de l’aéroport, dans l’espoir que notre ambassade viendra s’occuper de certaines formalités exigées par les services de l’immigration éthiopienne », confie l’une d’entre elles.
Arrivées à l’aéroport d’Addis Abeba dans la nuit du jeudi à vendredi de la semaine dernière, ces exportatrices de produits artisanaux malgaches n’ont pas été immédiatement refoulées, même si elles n’avaient pas de visa. « Les Ethiopiens venaient de changer de procédure. En octobre, nous avions acheté le visa à l’aéroport, mais après tout ce qui s’est passé dernièrement sur le plan international, les services de l’immigration ne délivrent plus le visa à l’arrivée. Les services éthiopiens de l’immigration avaient donc demandé à tous les voyageurs non munis de visa de prendre contact avec leur ambassade, pour que celle-ci se porte garante d’eux », racontent-elles.
« Mais alors que les ambassades des autres pays sont venues s’occuper de leurs ressortissants qui, comme nous, n’ont pas pu immédiatement entrer sur le territoire éthiopien sans la caution de leur ambassade ou de leur service consulaire, nos représentants ne sont venus que le lundi matin », raconte notre source. Ce qui a donc conduit les trois femmes à passer quatre nuits sur les sièges de la zone internationale, en attendant que le représentant de l’État malgache dans le pays qui devait les accueillir pour quelques jours daigne prendre soin d’elles.
Perte sèche
Quand le lundi, les responsables de l’ambassade sont enfin venus à l’aéroport, ils n’ont pas souhaité accomplir les formalités demandées par les services éthiopiens de l’immigration. « L’Ambassade n’a pas vocation de se substituer aux intéressées pour les démarches préalables en vue de l’obtention de visa », explique dans un e-mail l’ambassade malgache en Ethiopie.
« L’assistance nécessaire a été fournie. Mais, s’agissant d’un problème issu de l’absence de visa, le pays de destination s’est référé à la règlementation en vigueur en la matière », poursuit encore le message électronique de l’ambassade. Celle-ci parle notamment d’une intransigeance des Ethiopiens quant à la nécessité de renvoyer dans leur pays les personnes non munies de visa, et de ne revenir qu’après obtention des visas. « Mais si tel était le cas, nous ne serions pas restées quatre nuits dans l’inconfort de l’aéroport », répliquent les concernées. « Si on avait su que l’ambassade ne s’occuperait pas de nous, nous aurions engagé d’autres démarches », poursuivent-elles encore.
Dès le refus de l’ambassade de s’occuper des formalités demandées par les services de l’immigration, les trois femmes ont été immédiatement embarquées à bord d’un vol de Kenya Airways qui les a ramenées au pays. Chargées des marchandises qu’elles devaient pourtant vendre à la foire, elles ont à nouveau dû payer des excédents. N’ayant rien vendu, ces exportatrices ont enregistré une perte sèche sur une opération qui devait pourtant rapporter aussi bien aux investisseurs qu’au pays.
Bodo Voahangy