Le rôle législatif et de contrôle du Sénat est moindre par rapport à celui de l’Assemblée nationale. L’Exécutif pourrait, cependant, faire valoir son écrasante majorité à Anosy.
Contrepoids. Étant donné la tendance des résultats des élections sénatoriales, indiquant un raz-de marée du parti « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (Hvm), assurant une écrasante majorité du pouvoir au Sénat, l’idée d’une Chambre haute symbolique, face à l’omnipotence de l’Assemblée nationale, pourrait ne plus être d’actualité. L’Exécutif pourrait, en effet, miser sur cette domination à Anosy, pour tempérer, voire neutraliser les sautes d’humeur des députés.
Certes, la Chambre basse dispose de pouvoirs exclusifs, à savoir la déchéance contre le Chef de l’État, la motion de censure contre le gouvernement. Elle a aussi le dernier mot en matière législative, mais la configuration du Sénat devrait amener l’Exécutif, le cas échéant, à bomber le torse face à l’institution de Tsimbazaza. « Maintenant, rien n’empêche le pouvoir de réagir face à l’Assemblée nationale, que ce soit juridiquement ou politiquement. Il pourrait envisager, si nécessaire, la dissolution de l’Assemblée nationale », soutient Sahondra Rabenarivo, juriste.
D’un point de vue juridique, d’abord, comme la loi fondamentale restreint la possibilité pour le Président de la République, de légiférer par ordonnance, l’existence du Sénat permettra d’éviter un blocage législatif. « La disposition transitoire de la Constitution, octroyant la plénitude du pouvoir législatif à l’Assemblée nationale, ne sera plus d’actualité lorsque le Sénat sera en place. Ce dernier pourra alors jouer le rôle de législateur, en l’absence de la Chambre basse », explique Sahondra Rabenarivo.
Stabilité
La mise en place de toutes les institutions majeures est une conditionnalité des bailleurs. Ce qui explique l’empressement de la tenue des sénatoriales. Pour des raisons de stabilité, autre préoccupation internationale, le locataire d’Iavoloha pourrait invoquer la dissolution de la Chambre basse comme solution. « Étant donné les résultats des communales et des sénatoriales, les conditions semblent opportunes pour le pouvoir, de convoquer des législatives anticipées », ajoute la juriste contactée.
Toavina Ralambomahay, politicien, n’hésite pas à « prédire » une dissolution de la Chambre basse et des législatives anticipées, comme événement politique majeur de cette année. « Avec neuf-cent maires et plusieurs milliers de conseillers, et plus de 80% des membres du Sénat, le pouvoir peut se le permettre. Mais surtout, il lui sera difficile de gouverner durant les trois années restantes, sans l’assurance d’une majorité des députés réellement acquis à sa cause », argue-t-il.
Les je t’aime, moi non plus entre l’Exécutif et l’Assemblée nationale, durant les deux premières années de mandat du président Hery Rajaonarimampianina brouillent fortement, en effet, l’échiquier politique et laissent constamment planer le spectre de l’instabilité. Le pouvoir pourrait considérer sa domination des institutions comme la preuve d’une stabilité politique acquise.
« Il y a effectivement ceux qui pensent que domination des institutions égale stabilité. Ce qui n’est pas du tout le cas. Il n’y a qu’à remonter à l’époque de Marc Ravalomanana [ancien Chef d’État]. Avoir une majorité écrasante au sein du Parlement ne lui a pas évité d’être évincé du pouvoir », rappelle toutefois Sahondra Rabenarivo. Un fait de l’histoire souvent évoqué, également, par certains anciens ténors et actuellement députés, de l’ère Didier Ratsiraka, ancien président. « Presque tous les maires et conseillers étaient Arema, mais cela n’a pas empêché les événements de 2002 », déclarent-ils.