L’objectif de croissance pour cette année ne sera pas atteint. Les facteurs internes et externes ont gravement affecté tous les secteurs d’activité ainsi que les ressources de l’État.
Une année 2015 catastrophique pour l’économie. La Banque mondiale est très pessimiste sur les perspectives économiques de Madagascar cette année dans son rapport d’évaluation période des six premiers mois de l’année. Selon ce document, l’espoir d’une croissance accélérée est anéanti pour 2015. L’objectif de 5% de croissance prévue ne sera donc pas atteint et devrait se situer entre 3 et 3,3%.
Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation. Il y a d’abord les causes intrinsèques, dont les perturbations météorologiques en début d’année qui ont affecté la production.
Selon ce rapport, 120 000 hectares de surface agricole ont été endommagés, tandis que le coût des dégâts est estimé à 119 millions de dollars.
L’incapacité du gouvernement à faire face à cette catastrophe et à procéder à des reconstructions, faute de moyens, a aggravé la situation.
Il y a également la faiblesse de la recette fiscale et douanière. L’État a collecté 1 449 milliards d’ariary de recettes fiscales durant les six premiers mois de l’année. Malgré une amélioration de plus de 19% par rapport au premier semestre de l’année dernière, un gap de 21% est constaté par rapport aux prévisions du premier semestre de cette année.
«Bénédiction» du pétrole
Face à cette insuffisance de ressources, l’État est contraint de revoir ses priorités et de réduire ses dépenses dans d’autres secteurs. Le fonctionnement et le personnel engrangent le plus gros des dépenses au détriment des investissements. À cause de cette situation, l’État s’est également fortement endetté. Les Bons du Trésor par voie d’adjudication (BTA) ont fait un bond de près de 82 milliards d’ariary en 2015.
« L’État doit trouver plus de ressources pour assurer l’exécution de son programme de développement. Il doit soit augmenter les recettes fiscales, soit optimiser les dépenses », déclare Faniry Razafimanantsoa, économiste de la Banque mondiale, lors de la présentation d’hier.
La situation d’Air Madagascar et de la Jirama ont également affecté la perspective de croissance. Pour la première fois, les économistes de la Banque mondiale incluent également les facteurs politiques parmi les causes de cette situation.
Il s’agit des discordes entre le Parlement et l’Exécutif qui ont retardé la mise en œuvre des politiques publiques. Le blocage du processus d’adoption de la Loi de finances rectificative, entre autres, constitue un des impacts de ce différend.
« Au vu des évolutions économiques récentes dont les gaps au niveau de la collecte des recettes fiscales, une loi de finances rectificative permettrait à l’État d’ajuster sa politique budgétaire », stipule ce rapport.
Le contexte économique international a également été loin d’être propice à la croissance. La chute du cours des matières première a, entre autres, entraîné la chute de la valeur des exportations. Le cours moyen du nickel, premier produit d’exportation de Madagascar, par exemple, est passé de 17,4 dollars la tonne en 2014 à 13,7 dollars. Même si le pays a donc exporté 23,5% de nickel en plus entre ces deux périodes, la valeur des exportations a diminué de 1%.
Si l’on se réfère à cette analyse de la Banque mondiale, la chute du cours du pétrole constitue le seul facteur dont les impacts ont profité à Madagascar. Elle a permis d’amortir l’effet du retour à la vérité des prix du carburant à la pompe même si, à cause de la dépréciation de l’ariary, cette répercussion a été limitée.
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