Une tête tombe au sein de la gendarmerie après la violence sur Jean-Pierre Randrianamboarina. Les gendarmes ont remis les pendules à l’heure avant de limoger l’un de leurs commandants.
Retour de manivelle pour les gendarmes accusés d’abus et de violence. Après l’arrestation musclée à l’université d’Ambohitsaina, du jeune meneur de grève Jean-Pierre Randrianamboarina, le 1er septembre, la compagnie territoriale de la gendarmerie d’Antananarivo ville se retrouve décapitée. Le chef d’escadron Faniry Randriamahery a été démis, mercredi de ses fonctions, après avoir été aux commandes de cette compagnie pendant un peu moins d’un an. Son successeur est le chef d’escadron Marinkaja Andriamizana, commandant du Groupe de Sécurité et d’Interventions Spéciales (GSIS) à Ivato. Des pratiques militaires qualifiées d’actes de barbarie pure et simple par l’opinion publique ont fait des vagues après l’arrestation du meneur de manifestation estudiantine.
Tombé dans les griffes d’une escouade de gendarmes qui l’a capturé dans l’enceinte même de l’université, l’étudiant en première année de la filière Malagasy Jean-Pierre Randrianamboarina, a été piétiné à coups de
brodequins, matraqué à la tête puis électrocuté avec une matraque électrique, avant d’être traîné à même le bitume jusqu’à un pick-up. Jeté dans le caisson du tout-terrain, il a été ensuite écrasé sous un banc métallique en dessus duquel se sont ensuite assis d’un geste brusque les gendarmes qui avaient usé de violence sur lui.
Malgré des vidéos et des photos accablantes diffusées par les médias, le général de brigade Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription Inter-Régionale de la Gendarmerie Nationale (CIRGN), s’est attiré les foudres de l’opinion publique, en justifiant les agissements de ses éléments. Sidérés, le Syndicat des Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants de l’Enseignement Supérieur (Seces), l’ambassade des États unis, les députés, l’Union nationale malgache pour les droits de l’homme, ainsi que diverses associations, ont dénoncé des abus militaires.
Fusible
Alors que la gendarmerie était en chute libre dans l’estime de la population après ces événements, le général de division François Rodin Rakoto, commandant de la gendarmerie nationale, a rectifié le tir, quarante-huit heures après les scènes de violence, en annonçant l’ouverture d’une enquête. Alors que des prémisses du limogeage du chef d’escadron Faniry Randriamahery, chef hiérarchique direct des gendarmes incriminés pour bavure, se dessinaient, le commandant de la gendarmerie nationale a fait une visite inopinée jeudi en début de matinée, au siège de la CIRGN à Ankadilalana. Il avait alors resserré la vis sur le professionnalisme, le respect de la déontologie ainsi que des droits de l’homme. Dans l’après-midi, lors d’une conférence organisée au ministère de la Défense nationale à Ampahibe, le général de corps d’armée, Didier Gérard Paza, secrétaire d’État chargé de la gendarmerie nationale, a, quant à lui, soulevé la prise de mesures à l’encontre des gendarmes critiqués pour violence dans l’affaire Randrianamboarina.
«De pareils agissements entache la répution de la gendarmerie par les citoyens», se désole le secrétaire d’État. Joint au téléphone hier, il a signifié d’un ton évasif que la gendarmerie ne reste pas les bras croisés dans cette affaire. Le chef d’escadron Faniry Randriamahery n’était pas sur terrain au moment des faits. À défaut du commandant de la CIRGN, le plus chahuté et le plus impopulaire dans cette histoire, le jeune officier supérieur est le fusible qui saute.