Les turcs exportent les hostilités relatives au coup d’État avorté du 15 juillet. Madagascar, notamment, devient aussi un terrain de rixe.
Affaire interne. Pour les tenants du pouvoir turc, cette notion ne semble pas de mise lorsqu’il est question de « pourchasser » ceux qu’ils estiment être les responsables du coup d’État avorté du 15 juillet dernier. Dans cette optique, Istanbul semble lancer une campagne de communication internationale pour convaincre ses partenaires internationaux de la légitimité de sa réaction, et de l’appuyer dans la chasse aux sorcières qu’il engage actuellement. Et Madagascar n’est pas en reste.
A Ambohibao vendredi, Volkan Türk Vural, ambassadeur turc, a tenu une conférence de presse pour plaider en faveur de l’administration Erdogan, et assené des semonces contre ses adversaires politiques. « (…) cette tentative de coup d’État terroriste a été organisée par l’organisation terroriste Fethullah Gulen. (…) », a-t-il déclaré.
En indiquant que « malheureusement, « Ravinala » institut de culture et de dialogue et l’école « International light College » à Antananarivo appartiennent à cette « organisation » de « Fethullah Gulen », le diplomate semble « recommander », à l’État malgache de prendre des mesures contre ces institutions.
Action en justice
Intellectuel musulman turc, Fethullah Gulen, exilé depuis près de 15 ans aux États-Unis, est considéré par Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie comme son principal rival politique. L’universitaire est de ce fait accusé par Istanbul d’être l’architecte de la tentative de coup d’État du 15 juillet. Pour l’heure, l’État malgache n’a pas réagi à la question. Les responsables de l’« International light college », quant à eux, n’ont cependant pas perdu de temps à sortir les griffes.
Ils ont tenu une conférence de presse, hier à Talatamaty pour dénoncer les « affirmations gratuites » du diplomate turc. Les responsables de l’établissement scolaire menacent même de porter plainte. « Nous donnons 48 heures à l’ambassadeur pour apporter des preuves à ces affirmations selon lesquelles nous formons des terroristes, sinon nous allons porter plainte », a été dit hier à Talamaty. Une plainte qui sera déposée devant la justice malgache.
Ils déplorent par ailleurs qu’ayant été l’un des principaux initiateurs de l’installation de l’ambassade de Turquie dans la Grande île, l’établissement soit, aujourd’hui, victime de la chasse aux sorcières engagée par son Gouvernement. Suite aux affirmations du diplomate, « nous sommes en pleine tourmente, car certains de nos voisins nous ont pointés du doigt comme étant des formateurs de terroristes », soutient un enseignant de l’« International light college ». La sécurité des élèves serait aussi en jeu.
Garry Fabrice Ranaivoson