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Condamnation au-delà de la mort

Le président sud-africain condamné à rembourser l’argent du contribuable. L’affaire remonte à 2009, quand l’État sud-africain avait payé 20 millions d’euros pour améliorer la sécurité de la résidence privée de Jacob Zuma. Mais, sept ans plus tard, la justice constitution­nelle estime que Jacob Zuma en a profité pour planter une piscine, s’offrir un amphithéâtre, réhabiliter un enclos pour bétail et rénover un poulailler. Autant de dépenses estimées à 500.000 dollars.
Chez nous, il est presque naturel que des contractuels de l’État se retrouvent à travailler sur le chantier de la maison privée de leur supérieur. Que ce même chantier soit régulière­ment alimenté en matériaux de construction par un camion de l’administration (ou de l’armée) confisqué purement et simplement par un ministre, un élu, un cadre, un haut fonctionnaire ou un officier.
On dit toujours que l’exemple vient d’en haut, pourtant, il me semble qu’à Madagascar, ce sont les petites indélicatesses qui deviennent facilement de gros abus, au fil des années et au gré de l’avancement de carrière.
Quand Directeur Général de ministère, on a découvert la facilité des passe-droits ; Ministre, on est désormais plus affûté à actionner les bons leviers ; et, Président, quoi de plus normal que de croire, et être convaincu, que tout est dû !
Le cas sud-africain pourrait-il être appliqué à Madagascar ? Que les dirigeants successifs, et à tous les niveaux, soient condamnés à rembourser au Trésor Public les indûs, les trop-perçus, les commissions frauduleuses, les plus-values en délit d’initié, les détournements manifestes…
Malheureusement, il se passe généralement trop de temps entre la date de l’infraction et le jour de la sanction. Des années de répit qui permettent une capitalisation de biens mal acquis. Le trafic à grande échelle du bois de rose, l’exportation illégale d’or ou de pierres précieuses, la complicité dans le pillage des ressources halieutiques, ont permis d’engranger des milliards et des milliards. Cette fortune, judicieusement placée et optimisée à bref délai, aura permis à ses auteurs de franchir définitivement un step que même un remboursement intégral ultérieur ne pourra plus remettre en cause.
C’est là sans doute la vraie injustice. Par exemple, la récente «Transition», de 2009 à 2013, aura été un cas typique malheureux. Les enfants de ceux qui se seront extraordinairement enrichis, profitant du coup d’État de mars 2009, auront pu accéder à des établissements à l’étranger qui leur auraient été autrement, c’est-à-dire dans des conditions normales, inaccessibles. Une formation, des diplômes, un portefeuille d’adresses, auront été acquis en ces quatre ans. Que les parents passent un jour en jugement et se voient condamnés à rembourser quatre années d’enrichissement sans cause, ne changera plus rien à la trajectoire personnelle de leurs enfants, voguant sur une erre désormais autonome.
Au-delà des condamnations pécuniaires, certainement salutaires pour les caisses de l’État, seules des peines affligeantes et infamantes, assorties de lourdes sanctions sociales, comme le bannissement du tombeau familial et l’assignation à des cimetières de pestiférés, semblent en mesure de rétablir le statu quo ante.

Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja


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