Simultanément, les frondeurs contre le pouvoir se manifestent. AFP et DFP, deux entités homonymes et partageant le même objectif, tentent d’acculer les dirigeants.
Double jeu. Le pouvoir se retrouve visiblement entre les feux croisés des contestataires. Des frondeurs dont l’objectif est d’évincer les dirigeants actuels, à commencer par le président de la République. Pour parvenir à leurs fins, ces derniers semblent jouer sur deux tableaux. Une frange engage les actions sur terrain et une faction insiste sur la tenue d’un dialogue national afin de parvenir à une convention.
Cette semaine, l’appel à la tenue d’une manifestation populaire sur l’avenue de l’indépendance Analakely, lancé par le mouvement « Antso ho an’ny fanavontam-pirenena » (AFP), conduit par Faniry Razafimanantany, a défrayé la chronique. Ce dernier qui, malgré une promesse d’une sévère répression faite par les forces de l’ordre, affirme ne pas avoir l’intention de reculer. Son objectif est de « démettre le pouvoir en place ».
Lors d’une conférence de presse, hier, au Panorama, Andrainarivo, un mouvement homonyme, à un mot près, le « Dinika ho an’ny fanavotam-pirenena » (DFP), a également affirmé ses intentions, « Évincer le pouvoir ». Selon Maharavo Ratolojana-hary, parmi les leaders du DFP, « arrêtons de tourner autour du pot, peut-être que certains ne sont pas aussi directs que moi, alors je le dis, notre objectif est d’évincer les dirigeants. Un changement de structure signifie changement de pouvoir ».
Le syndicaliste affirme, cependant, que le DFP et l’AFP sont deux mouvements « distincts ». Cédant quelque peu à la pression de l’assistance, les meneurs du mouvement du Panorama ont, néanmoins, souligné leur soutien à celui conduit par Razafimanantany, et ont confirmé leur présence à Analakely ce jour. Le leader de l’AFP était justement présent, hier, à Andrainarivo. Si l’AFP opte pour la voie des manifestations populaires pour pousser les dirigeants hors du pouvoir, le DFP lui, choisit celle de la concertation nationale pour cogiter et décider de la mise en place d’une nouvelle structure étatique.
Complémentaire
La similitude des objectifs, mais aussi, des personnalités qui affirment leur soutien aux deux mouvements pourraient indiquer que les deux mouvements sont complémentaires. D’autant plus qu’ils convergent vers un même objectif. Et le choix du timing intrigue. À entendre les explications « si tout se passe comme prévu, la manifestation de demain [aujourd’hui] devrait être le début d’un processus menant rapidement au renversement du pouvoir ».
Le DFP, quant à lui, affirme que « la concertation nationale et celles régionales doivent être faites avant la fin du mois de septembre ». Des négociations qui, selon les explications d’hier, devraient pondre une nouvelle structure étatique et désigner les dirigeants « provisoires ». Jouer sur deux tableaux pourrait, cependant, être une manière d’acculer les dirigeants. Ces derniers qui refusent toute idée de quitter le pouvoir d’une manière autre que par la voix des urnes.
Les contestataires semblent souhaiter ne laisser que deux issues aux dirigeants. Soit se frotter aux agitations populaires, qui outre le facteur déstabilisation, pourrait donner une image d’État répressif et autoritaire. Soit concéder à s’engager dans la concertation, au risque d’au moins voir son pouvoir sensiblement réduit au profit de ses frondeurs. Pour l’instant l’administration Rajaonari-mampianina tient la dragée haute à ses détracteurs. Tant bien que mal, l’État essaie de convaincre l’opinion du caractère « nuisible et régicide » des intentions séditieuses.
Pour le pouvoir, ces mouvements sont à la solde des personnalités et entités
politiques regroupées au sein du « Mitsangana ry Malagasy » (MRM). Une éventualité fortement démentie par les deux organisations. Dans sa déclaration d’hier, le DFP affirme même vouloir rompre avec les roublards de l’arène politique et être en quête de nouvelles têtes. Seulement, les ténors du MRM, restent à l’affût et ne lâchent pas d’une semelle les deux organisations à chacune de leur sortie, attendant juste le moment pour pouvoir s’arroger le leadership de la nouvelle structure que ces mouvements comptent mettre en place. Le titre risque d’être fortement disputé.
Garry Fabrice Ranaivoson